Le Mois Artistique LE SALON D’AUTOMNE C’EST Sa 11CLIVit..11. CXpOSIII011 et, malgré lés pro-messes qu’on nous avait faites pour lui, il n’a rien apporté. On aurait tort d’ailleurs de le lui reprocher: c’était impossible. Ecrire qu’un groupe-ment annuel puisse révéler des individualités et accuser un mouvement esthétique est une illusion au suprême degré antiphilosophique c’est propre-ment réaliser une abstraction, donner un nom de personne à une entité collective. Ne commettons plus cette erreur de langage et considérons désor-mais le Salon d’automne comme une des nom-breuses expositions de peinture annuelles, ni plus ni moins significative. C’est une sorte d’intermé-diaire entre l’exaspération et la liberté des Indépen-dants et la sagesse bourgeoise des Salons de prin-temps. Mais, de tant de disparates, s’est formée une sorte de note unique, et quand on dit d’une toile: « Elle est très Salan d’Amotnne », il n’y a pas d’é-quivoque : il s’agit d’une peinture sommaire et violente, à tendances vaguement décoratives, remplaçant toute préoccupation de dessin-contour par le culte de la tache de couleur vive et non pas divisée, mais, par réaction contre l’Impressionisme, plutôt large et crue. Bien entendu, l’on compte de nombreuses et brillantes exceptions leur minorité fait tout l’inté-rêt du Salon d’automne, mais le troupeau des pein-tres imite cette manière et suit cette mode, que Cézanne lança sans le vouloir, d’une façon pos-thume si l’on peut dire, et navré de ne pouvoir mieux faire. Et de déformations en déformations, jusqu’à celles de M. Henri-Matisse, de M. Othon Friesz et de M. Vlaminck, c’est toujours le style de Cézanne qui triomphe, sa couleur éteinte et pauvre, son dessin puéril et incertain. Depuis quelques années, le public ne semble plus apporter aucune attention à ce qu’on appelait na-guéret les audaces du Salon d’automne c’est que rien ne parait plus vite fade qu’une excentricité monotone et surtout une excentricité volontaire. Les œuvres qui supportent le mieux l’examen sont celles qui ne font point d’abord grand effet, mais qui, à chaque fois qu’on les retrouve, révèlent un nouveau secret sur elles-mêmes. Les feus d’artifice éblouissent, mais n’éclairent pas. C’est une mode, toute récente, de prétendre dé-couvrir au Salon d’automne une tendance décora-fié tire. Et cette année, notamment, la critique fut presque unanime à la reconnaître. Je la crois dupe, en toute bonne foi, du simple prestige des mots et des déclarations des peintres eux-mêmes. Mais il ne suffit pas tout de même d’intituler : Panneau décoratif ou Ensemble décoratif, etc., un tableau quelconque oit sont représentés des femmes nues, des fleurs ou des fruits, des animaux ou des guir-landes de feuillage, pour avoir fait de la peinture décorative, ni même non plus de simplifier les modelés jusqu’à tout traiter par des à-plats, au mépris des lois de la perspective linéaire et de l’éclairage. Une bonne partie des tableaux exposés au Salon d’automne sous le titre de Panneau déco- ratif ressortissent tout simplement à l’esthétique de la nature morte ou du genre. Il y a pourtant des exceptions, mieux qu’hono-rables. Il y a le délicieux M. Xavier Roussel, dont les deux Sanies mythologiques feraient merveille en tapisserie. Déjà, il traite comme en pleine laine sa palette si savamment, si ingénûment éteinte, où les ocres assombris, les lies de vin trouvent moven d’être délicats, où des ciels verts s’harmonisent si justement avec le géranium soudain d’une tache de fleurs. M. Xavier Roussel est un artiste véritable. Son laisser-aller s’oppose de la façon la plus frap-pante avec la volonté de M. Henry Détiré, dont l’Age d’Or, vaste composition pleine de noblesse et de sérénité, d’un beau dessin large et sûr, gagnerait à ne pas baigner dans une atmosphère aussi gratui-tement verte. Lorsque la volonté l’emporte sur l’instinct, il lui suffit d’une seule erreur pour trahir son plus vaste effort. Plein de grâce et de poésie, M. Charles Guérin est malheureusement toujours fidèle à une matière un peu terne et un peu crayeuse, sans laquelle il apparaîtrait comme le plus exquis peut-être des organisateurs des fêtes pictu-rales. M. Pierre Bonnard, qui ne manque pas de délicatesse dans de petites toiles, semble les dis-tendre sur de trop grands panneaux il en résulte une sorte de vide, qui le dessert beaucoup. M. AI-cide Le Beau japonise non sans succès. M. Manguin manifeste un souci nouveau de l’anatomie et M. Van Dongen, qui a tant de qualités et en em-ploie si peu, ne laisse pas que d’emporter parfois de haute lutte l’assentiment de notre rétine, tant son audace picturale est violente. Parmi les déco-