DR ÉSA FLEURS-MÉDUSES L’ART ET LES ARTISTES MISS LLOYD PENSÉES modité des bras, le dossier en est bas et les trois pieds du guéridon circulaire s’écartent pour préci-ser l’équilibre. C’est enfin M. Groult qui, avec un goût très sûr, très renseigné et très délicat, continue dans une salle à manger, dans une chambre à cou-cher et un petit salon, la tradition du xvile siècle et comprend qu’il suffit pour l’adapter à la vie moderne, de mettre les meubles à l’échelle de nos appartements et les couleurs à l’unisson de nos sensibilités. Je ne sais pourquoi, mais l’idée que nous nous faisons des choses du passé est très diffé-rente de celle qu’on s’en faisait au temps où elles furent créées. Par exemple, nous aimons les étoffes anciennes pour leurs tons fanés, déliquescents, évanouis; or, elles furent, à l’origine, on le sait par quelques modèles qui sont restés intacts, ex-trêmement vives, éclatantes. Dans les étoffes et dans les tapis que l’on tisse, que l’on imprime aujourd’hui, on recherche la douceur assourdie des tonalités : c’est à quoi a parfaitement réussi M. Jaulmes dans les toiles dites de Rambouillet, dont j’ai déjà entretenu mes lecteurs l’an dernier. On sait en effet que les toiles de Jouy qu’on im-prime de nos jours ne sont pas exemptes d’une cer-taine brutalité, qui tient au mode d’impression par les rouleaux d’acier; on cherche maintenant des 84 MISS LLOYD PICHETS SUR CARRELAGE procédC, :nomns rapides, moins économiques, mais plus harmonieux. Il semble d’autre part qu’on assiste à une véritable renaissance de la toile impri-mée M. André Groult, dont l’influence et le goût sont décidément excellents, s’est adressé à Drésa, à Miss Lloyd, à M. Albert André, à d’Espagnat, à Paul Iribe, à Louis Sue, à Carlègle et… à lui-même, et il a obtenu de tous ces artistes des modèles déli-cieux. Il est amusant de voir chacun de ces artistes trouver un motif de décor conforme à son tem-pérament et à ses préférences, à tel point que cer-tains de ces motifs équivalent presque à une signa-ture, à une sorte de rébus coloré où se devine la personnalité. On sent, dans tous ces efforts, la libre accepta-tion d’une certaine discipline. Des hommes comme M. Charles Plumet ont certainement beaucoup contribué à répandre cette idée que, dans toute construction, le rôle de l’architecte comme maitre ès arts doit être prépondérant. Je regrette seule-ment que dans les tentatives auxquelles je n’ai pas ménagé mes éloges, il y ait comme une sorte d’hé-sitation dans la création du meuble pris séparé-ment; on crée, c’est entendu, de jolies harmonies de couleur, de lignes générales, mais rarement on crée une chaise, un fauteuil, une table parfaite-