L’ART ET LES ARTISTES PAUL IRIBE ROSERAIE Dlt.ESA OISEAUX DE PARADIS niais pour mieux nous conduire, que les styles ont évolué très lentement, imperceptiblement, qu’il ne faut pas être original, à tout pris, mais presque sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose, que les meubles doivent obéir à certaines lois de logique architecturale et correspondre à une destination bien définie. On voit, au Salon d’Au-tomne de t91r, des ensembles de l’une et de l’autre manière. A l’ancienne manière, on peut rattacher M. Dufréne, M. Coudyser, M. Bigaux. Mais com-bien assagis! et combien acquis à des principes plus rationnels. A la nouvelle manière se rallient, et j’ai l’impres-sion de croire qu’il y a là, sinon un groupe, tout au moins ce qu’on appelle familièrement, en argot de peintres, une é bande n : Jaulmes, Sue, Groult, André Mare, Hellé, Miss Lloyd, Baignères, — je pense à sa chambre à coucher de l’an dernier — et, un peu à part, Jallot, Charles Plumet. Sauf Jallot, qui, je le répète, est un peu en dehors de ce groupe, tous ceux qui paraissent en faire partie recherchent avant tout, dans leurs ensembles, une harmonie de couleurs. Aussi bien, ce sont des peintres; ils sont dans l’art des aménagements domestiques ce que les impressionnistes sont à la peinture; ils visent plus à l’impression générale qu’à la recherche des Sa MISS LLOYD COQS ET ÉLÉPHANTS lignes; ils créent dans le home, en quelque sorte, une atmosphère. Je n’en veux pour preuve que la chambre d’enfant de Hellé, si claire, si gaie; Hellé a compris, avec beaucoup d’humour, que si l’on fait des vêtements à la mesure des enfants, on ne fait pas souvent de meubles à leur convenance, et il a réalisé avec moins de saveur peut-être, ce que Miss Lloyd avait si bien exprimé l’année dernière. M. Jaulmes, avec la collaboration de MM. Damon et Berceaux pour les meubles et la tapisserie, de M. Bigot pour les dallages et les revêtements de grès, a prouvé une fois de plus que la beauté ne réside pas tant dans le luxe de l’ornementation que dans l’harmonie des proportions et le voisinage de cer-taines tonalités. Son Inslallalion à la campagne se divise en trois parties : un vestibule, une cuisine, une salle commune servant à la fois de salle à manger, de salon et de bibliothèque. Dans le vesti-bule, il y a aine fontaine, charmante de proportions, surmontée d’une exquise figure de baigneuse par le sculpteur de très grand talent qu’est Albert Marque. Dans la cuisine, quelques chaises en bois blanc, au siège recouvert de paille, un soubassement céra-mique bleu, des cuivres, mie large baie à petits carreaux sur le rebord de laquelle s’alignent des géraniums, et voilà, n’est-ce pas, la beauté qui peut