LES DESSINS DE GCETHE tent plus. On voit toutes ses oeuvres s’arrêter à la première ébauche. Il ne peut plus et n’ose plus les finir. Ses trop nombreuses occupations quoti-diennes le gênent, et il aspire maintenant vers un art supérieur plus ordonné et plus mesuré. Cet art supérieur, il le connaît d’ailleurs c’est l’art des Grecs. Les souvenirs de ses premières rencontres avec eux à Dresde et Mannheim, ou la vision de l’Italie entrevue du haut du Saint-Gothard se ré-veillent en lui. Il se met à étudier les artistes anciens avec ardeur, guidé par les écrits de Rafraél Mengs. Son désir de connaitre l’Italie devient aussi impé-rieux gué son besoin de fou les charges qui fana-l’admirable portrait de Staedel à Franc-fort), Bury, Angelica 1{aufmann, etc. Il s’initie et s’abandonne à la vie romaine, et travaille comme s’il voulait devenir un artiste de profession. Il acquiert en matière d’art une telle compétence, son oeil une telle sûreté et son goût une telle maturité que ses camarades s’en rapportent à son jugement dont la justesse les émerveille. Après un voyage en Sicile (février 1787) au cours duquel il visite jusqu’à deux reprises le temple de Poseidon à Poestum, il revient à Rome le 2 juin 1784 et y travaille avec plus d’assiduité et de méthode encore que la première fois. Niais en avril 1788 il est PAYSAGE ALPESTRE (I1A PPOIrrii DU VOYAGE EN SUISSE, 177 5) client à Weimar. Le 3 septembre t786, il profite d’un séjour à Carlsbad pour s’enfuir en Italie sans prévenir personne, si ce n’est le grand-duc. Gcethe se rend à Ronce, par Venise, Padoue, Bologne et Florence. Il est aussitôt conquis par la Renaissance italienne. Il admire à Venise les monu-ments dûs à l’architecte Andréa Palladio, tandis qu’il néglige de parti pris les cathédrales gothiques d’Orvieto et de Sienne. Il arrive à Rome le octobre 1786 sous un faux nom afin sl’être plus libre. Il ne fréquente que les artistes allemands établis dans la Ville Éternelle : Heinrich Meyer, Schm,, Hachert, Tischbein (à qui l’on doit 77 obligé, le cceur bien gros, de regagnera les brumes du Nord « . Il rentre à Weimar, définitivement conquis à l’art classique, le seul désormais qui lui semble digne d’attention et d’efforts. Les oeuvres poétiques qu’il avait emportées, à peine ébauchées, en Italie, Iphi-génie en Aulide, Egnionl, rorqual° Tassa revêtent une forme classique. Toutefois, dans les arts, c’est moins en adepte qu’en apôtre qu’il va défendre son idéal nouveau. Il ne pratique plus guère lui-même ni le dessin, ni la gravure, ni aucun autre art plas-tique. Il semble qu’en face des chefs-d’œuvre de l’antiquité il ait pris conscience de l’inutilité de ses