LES DESSINS DE GOETHE resta des mois, des années et finit par mourir à Weimar. Durant cette période, les arts et la littérature l’occupent sans cesse. Et les velléités artistiques sont si puissantes en lui à ce moment qu’il se demande s’il deviendra peintre ou poète. Il nous a raconté à ce sujet, dans ses Mémoires, une anec-dote curieuse. Fataliste comme il le fut toujours, prompt à remettre au destin qui le guide le soin de trancher les questions difficiles, il voulut recou-rir à un moyen singulier pour sortir de son inconscientes de sa nature, il fut avant tout poète, mais ne cessa jamais de s’intéresser aux arts plas-tiques et de les cultiver. Nous le voyons, en effet, s’arrêter à Mannheim pour y visiter la collection de moulages d’après l’antique. Au cours de ses pérégrinations, il visite également la cathédrale, inachevée alors, de Cologne et la galerie de Düsseldorf. Le 20 octobre 1774 il prend, non sans battements de cœur, sa première leçon de peinture auprès de Nothnagel. Il s’essaie à faire de la fresque, puis préfère le por-VUE DU SAINT-GOTHARD. LE PERSONNAGE ASSIS EST GOrPHE 1U1-MÉMÉ, SON COMPAGNON, 1/1/110L-1 J.-11, /I /1/AAVANIr (ce DESSIN EST ne DES RARES DATÉS PAR L’ARTISTE 22 JUIN 1775) embarras. Marchant au bord de la Latin par une belle journée de septembre 1772, il éprouve subi-tement le besoin de jeter dans la rivière son couteau auquel il tenait beaucoup, et de le consulter comme un oracle. S’il le voit tomber dans l’eau, il se fera peintre; si les roseaux de la rive le lui cachent, il sera poète. Malheureusement le destin, comme il arrive souvent, ne lui donne qu’une réponse ambigüe. Goethe ne voit pas le couteau tomber, niais aperçoit l’eau qui jaillit autour du point de chute. Il demeurait indécis comme auparavant. Qu’arriva-t-il ? Suivant sans doute les indications 75 trait, les profils surtout, selon la mode de l’époque. Il accompagne ses lettres de nombreux dessins d’allure satirique parfois. Il jette sur le papier d’innombrables paysages et en rapporte notamment toute une série de soit voyage en Suisse (1771) où la nature grandiose produit une impression pro-fonde sur lui. Son procédé consiste à se placer au milieu du paysage qu’il veut reproduire, au lieu de le regarder de loin, et à représenter dans quelque coin soit une hutte de pâtre, soit un personnage afin d’animer la nature qu’il n’aime pas morte. Ces paysages sont d’ailleurs le plus souvent des