L’ART ET LES ARTISTES Dans la première, il parait s’attacher surtout à poursuivre datas son détail minutieux la logique harmonieuse de la forme vivante; il découpe sur le ciel la structure d’un arbre avec une piété admi-rative; il multiplie et décrit les fleurettes de l’her-bage avec la religion attendrie d’un primitif. A cette période appartient le Printemps (189t), si plein d’une sève tressaillante et l’une des oeuvres les plus popularisées par la reproduction en cou-leurs. La Forêt (musée de Gothembourg) marque une transition vers sa seconde manière. C’est main-tenant le paysage tout entier qui apparaît comme persuasive d’une écriture toujours claire et sereine, elle s’imprègne d’un sens mystique qui rend sensible aux yeux nos émotions les plus religieu-sement voilées. Je songe ici au célèbre tableau du musée de Stockholm : Nuit d’Eté, qui figura à l’Exposition universelle de 190o. Dans la nuit bleuàtre, sur laquelle les ténèbres resteront sans pouvoir, les îles immergées songent, pareilles à des bêtes de chaos dont la croupe diffuse assombrit l’horizon. On dirait qu’elles vont se lever tout-à-l’heure, quand luira au-dessus d’elles ;l’éblouisse-ment du Rat Lux attendu. On ne sait plus bien si Pbol. Craervirst. LE NUAGE un tout organique dont les lignes et les valeurs se supposent et se conditionnent mutuellement. Aussi est-il conduit à se préoccuper surtout de la lumière, qui relie les plans dans une symphonie enveloppée de modalités parentes; puis de l’atmos-phère et des nuages, dont les talasses transpercées de rayons diffus inscrivent sur le ciel la contre partie méditative du a moment n émotif figuré par le paysage. Cette lutte éternelle de la lumière et de l’ombre, alternée, dans les régions du Septentrion, entre les victoires transfigurées et les défaites mornes, compose tout le poème de la nature de Suède. Dans l’ceuvre du prince Eugène, par la magie 68 elles flottent dans l’éther liquide ou sur l’océan primordial, tant les lueurs et les reflets sont semblables qui, du gouffre clair de l’horizon, se répercutent au ciel nocturne et surgissent de l’abîme pâlissant des eaux assoupies. Ce regard de languir indicible qu’échangent le ciel et les eaux, comme il nuance encore dans ces deux autres tableaux : Nuage nocturne et Aide, les strophes élégiaques de la grande attente! La coupe bleue de l’onde crépusculaire — ce crépuscule qu’aucune nuit ne suivra — est juste assez grande pour contenir le nuage d’orage suspendu au-dessus d’elle. Phalène étrange de l’espace, fuit-il, va-t-il se poser, apporte-t-il un message ? Les menaces