L’ART ET LES ARTISTES NOCTURNE très personnelle et toute pénétrée d’atticisme, un sens de la mesure et de l’équilibre qui dégage l’es-sentiel sans heurt ni sans effort visible. C’est pro-prement, dans un art imprégné du sentimentalisme pensif du tempérament septentrional, quelques gouttes de la plus pure essence classique. Peut-être ceci est-il le don que l’art suédois devra au prince Eugéne, la raison instinctive de la reconnaissance que tous lui ont. A cet art national de subjectivis-me aigu et de recherche idéo-logique, prodi-gieusement in-telligent et émotif, mais peu sensible aux caresses ocu-laires, et préfé-rant, par obsti-nation systéma-tique, la vérité à la beauté —sans savoir assez qu’en creusant l’une un peu plus avant, on est sûr de ren-contrer l’autre; — le prince Eugéne a prou-vé par l’exemple la concordance de la vie inté-rieure et de la beauté externe, l’égalité de la forme et de la pensée. Il a pu rendre persua-sive cette démonstration, parce que sa sensibilité d’artiste, merveilleusement conforme à la mysti-cité songeuse des paysages de Suède, a su donner de la nature natale des versions définitives, où l’âme suédoise s’est reconnue avec amour. Il nous est agréable de penser que ce sens de la pérennité classique, dont s’ennoblit l’oeuvre du prince Eugène, est un legs du sang français qui coule dans ses veines. Des quatre fils du roi Os-car II, c’est lui qui, dans sa personnalité ex-térieure, semble avoir recueilli davantage de l’héritage des Bernadottedont il offre, adouci mais reconnais-sable, quelque chose du profil béarnais, mitigé de la grâce, un peu raidie ici, des Beauhar-nais. Le prince Eu-gène de Suède est né en t865. Dès son temps d’université, il montra une inclination dé-Phot. Crderepeisl • iii CIELS cli.vrExu 66