L’ART ET LES ARTISTES nages représentés. Bourdichon serait né à Tours vers 1457 et mort vers 1520. On peut rattacher à cette école, comme spéci-men de peinture monumentale, le délicieux pla-fond de la chapelle de l’hôtel de Jacques Coeur, à Bourges, où d’exquises figures d’anges tenant des banderolles s’inscrivent si ingénieusement dans les divisions de la voûte. L’école du centre a offert à la sagacité des savants un délicat et difficile problème à résoudre. D’une part, on trouve le nom d’un peintre illustre, renommé jusqu’à l’é-tranger, dont les chro-niques contemporaines vantent les travails ; de l’autre, un groupe d’ceuvres de choix, d’une beauté même exceptionnelle, toutes parentes assurément par des caractères iden-tiques. Et, bien que cette période ait été féconde en artistes de mérite, on a été tenté d’unir le nom et les oeuvres. Malgré les hési-tations et les scrupules légitimes des érudits, il semble que la har-diesse de ceux qui ont pris cette initiative puisse être justifiée et qu’on puisse attribuer à Jean Perréal les oeuvres attribuées pru-demment à l’anonyme désigné par les noms de le maître des Bour-bons ou le maitre de • Moulins. Ce Jean Perréal, dit aussi Jean de Paris, serait né à Lyon vers 1463, il v mourut vers 1529. On sait qu’il suivit Charles ..111 en Italie. Il fut chargé, lors de cette expédition, d’en reproduire les principales scènes. Il fut peintre de Louis XII; joua, dans l’organisation des arts de son temps, un rôle considérable; donna, entre autres, les des-sins du tombeau des ducs de Bretagne à Rennes et les projets de tombeaux. de la cathédrale de Nantes et de l’église de Brou, dûs à son grand con-frère contemporain le sculpteur Michel Colombe. Il vécut principalement dans sa ville natale. Les oeuvres qu’on lui attribue sont au nombre de trois au musée du Louvre Pierre II de Bourbon, duc de Beaujeu, gendre de Louis XI, présenté par son patron, volet de diptyque avec son pendant : Anne de France, agenouillée, présentée par saint Jean l’Evangéliste; Une Donatrice, présentée par la Madeleine, admirable fragment de diptyque ; le portrait du Dauphin Charles d’Orléans, à l’âge de vingt-six mois, pris, à la défaite de Fornoue, dans les bagages du roi ; la Vierge et l’Enfant Jésus, avec quatre anges, du musée de Bruxelles; un Do-nateur accompagné d’un saint guerrier (musée de Glasgow, exposé eu t904 à l’exposition des Primitifs français); la Nativité, de l’évêché d’Autun, et le trip-tyque de la cathédrale de Moulins, longtemps attribué à Ghirlandajo, ce qui atteste l’impor-tance qu’on reconnais-sait déjà à ces incom-parables peintures. Ce sont, en effet, des oeuvres riches et graves d’harmonie, aux dessins d’une pu-reté rare, aux modelés exquis de finesse, au caractère de gravité, de distinction, de grâce, d’émotion et de vie, qui en font des images tout à fait supérieures. On ne peut oublier le doux, sérieux et char-mant visage, si fran-çais dans sa cornette provinciale, de la Vierge de la Nativité et ces belles et pieuses mains de femmes, comme celles de la Madeleine de notre tableau du Louvre. Quel que soit le nom que l’on conserve à l’auteur de ces divers chefs-d’oeuvre, ils prou-vent bien l’importance réelle et trop méconnue de notre école, en cette période féconde du xw siècle finissant. PORTRAIT DE LOUIS DE LAVAL (FIN nu 5v’ SIÈCLE) 64 (A suivre.) LÉONCE Bfic ÉDITE.