LA PEINTURE FRANÇAISE à tort, être le portrait mémé du peintre, appartenant à la Galerie Liechtenstein à Vienne. On n’a pas manqué de lui attribuer aussi L’Honnie au verre de vin, acquis naguère par k musée du Louvre. Ces divers morceaux font juger l’ar-tiste comme un peintre consommé, doué d’un sobre et vigoureux esprit d’observation et possédant une tech-nique savante et une puissance de réali-sation peu communes. Mais c’est sur-tout dans les miniatures qu’il dénote toutes les qualités qui font de lui un des premiers parmi les peintres de l’école française et un des plus Français parmi les peintres. On connaît de lui un peu plus d’une centaine de miniatures, réparties dans divers recueils. Le plus célèbre est le Livre d’heures d’Etienne Chevalier, CN,:- cuté de t450 à 1460, duquel la presque totalité des pièces se trouve au musée Condé, à Chantilly (40 miniatures; le Louvre en possède deux autres; la Bibliothèque nationale et le British Museum chacun une); ce sont ensuite onze miniatures ries Ani fiptiiiis judaïques, une partie des Grandes Chroniques de France (Bibliothèque nationale) et di-verses pièces isolées. Ses origines artistiques sont claires. Il a subi l’influence de Jean van Eyck dans ses portraits, de Pol de Limbourg dans ses miniatures, et il s’est assimilé les plus heureuses qualités des maitres florentins qu’il a connus, entre autre Fra Angelico. Scènes tirées des livres saints, des légendes hagiographiques, de l’histoire et même ries événe-ments contemporains, cette imagination alerte, vive, positive et réaliste, qui a le don d’exposer simplement et clairement l’esprit narratif et his-torique, donne à toutes ces images minuscules, avec une beauté d’art qui tient à l’ordonnance, à l’harmonie, à l’aisance et à la pureté du dessin, un accent de vraisemblance et de vie tout à fait rares. Figures, animaux – car il excelle à peindre les chevaux, — architectures, paysages, tout est exprimé dans le plus clair, le plus pur, le plus savoureux et le plus charmant langage français. Son sentiment de la nature, entre autres, dans la délicatesse de l’atmosphère, la finesse rie la perspective aérienne, les jolies valeurs subtiles qui annoncent de si loin Claude Lorrain et Corot, est si juste que ses oeuvres ont un accent tout Al■■■■■,,. 3Inil, dn Lue,. LE MAITRE DE MOULINS SAINTE MARIE-NIADELEINE ET UNE SUPPLIANTE 63 moderne, que ses petites bergères, du Louvre, font penser à la Sainte Geneviève de Puvis de Cha-vannes. Et, en même temps, le style de ces scènes est tel que l’ont serait surpris de leur carac-tère de grandeur si on développait leurs dimen-sions par l’artifice des projections photogra-phiques. Fouquet est un maître que nous pouvons opposer, à cette date, aux plus grands rie toutes les écoles. L’école tourangelle comprend un autre maître d’importance, sorti de l’atelier de Fouquet. C’est Jean Bourdichon, à qui on attribue, comme pein-tre, une partie du triptyque de la Crucifixion, qui serait son œuvre en communauté de travail avec les fils de Fouquet, mais que nous ne con-naissons guère que comme le miniaturiste des Heures d’Anne de Bretagne, recueil célèbre de soixante-trois grandes miniatures d’une réelle. beauté par la richesse, la variété, l’éclat, l’harmo-nie, et aussi l’intérét iconographique des person-