tion patiente des savants locaux . Pierre Villette, Pierre de la Barre, Jean Changenet et cent autres, il en est deux qu’on a ressuscités avec leurs œuvres : ce sont Enguerrand Charonton et Nicolas Froissent. Enguerrand Charonton n’est pas d’Avignon, bien qu’il s’y soit fixé. Il est né vers 14ro dans le diocèse de Laon et vint en Avignon en 1447, s’y établit et s’y maria. On sait qu’il y était encore en 1461, ensuite on perd sa trace. Un acte, passé entre Jean de Montagnac, prêtre, et lui, lui donne avec certi-tude le Couronnement de la Vierge, de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, exécuté en 1454. C’est là une pièce capitale pour notre his-toire. Cette œuvre, si imprévue d’aspect et si pleine, avec des sou-venirs bourguignons ou flamands, d’accents d’une sensibilité émue, d’un naturel, d’un sentiment de la beauté, d’une pureté même, qui sont plutôt l’apanage des maîtres toscans, semble indiquer que Charonton a connu, sinon l’Italie, du moins des oeuvres de Inaitres italiens, tels que Fra Angelico. On ne peut rêver plus de grâce tou-chante et chaste chez cette jeune vierge provençale et plus de souveraine dignité chez les deux maîtres du ciel qui la couronnent console deux divins frères jumeaux. L’oeuvre de Charonton fut longtemps attribuée au roi René, à van Eyck ou à Memling. Nicolas Froment eut le même sort. L’injustice est réparée toutefois, car maintenant on lui attribue, à son tour, sans en être bien assuré, nombre d’ouvrages. On sait qu’il est né à Uzès (Gard) et c’est à peu près tout, sauf qu’il est l’auteur certain de deux oeuvres célèbres: l’une est La Résurrection de La;:are, des Offices, à Florence, signée de lui en 1461, qui a été placée sous le nom de maîtres flamands et qui semble bien indiquer qu’il étudia sous des maîtres de Flandre; c’est une œuvre d’un natura-lisme assez âpre. Le Buisson ardent, de la catis& draie d’Aix-en-Provence, qui est de 1425, pré-sente le maître sous un jour tout nouveau, avec une chaleur, une aisance, un naturel et une grâce qu’on ne lui soupçonnait pas. Il y a, entre autre, au pied du buisson, un paysage, largement vu, d’une grande beauté comme réalisation de lumière et d’atmosphère. L’école provençale, du LA PEINTURE Flt.l novntlluEvxRovrth fini LE • ° pet GlIERLES±SEPTIEStif•IF ru lem _ N FOUQUET — PORTRAIT DE CHARLES VII 61 reste, semble particulièrement remarquable dans le sens paysagiste. C’est encore une pièce de pre-mier ordre pour notre école. On attribue àNicolas Froment le petit diptyque du Roi René et de Jeanne de Laval, au musée du Louvre; le beau Sains Serein, si noble et si naturel, du musée Calvet à Avignon ; le tableau si curieux et si remarquable du Miracle de saint Mitre (ca-thédrale d’Aix), et aussi l’admirable Annoneialio de l’église de la Madeleine, de cette ville, œuvre incomparable de grâce, de charme, de pureté et de pieux recueillement, une des plus exquises pein-tures de cette époque. Reste encore à l’actif de cette féconde école méridionale, qui brille d’un vif éclat jusqu’aux premiers jours du xvr siècle, une peinture tout à fait extraordinaire qui, heureusement, est venue prendre place au Louvre. C’est la Pietà, de la Char-treuse de Villeneuve-lez-Avignon (don de la So-ciété des Amis du Louvre). La scène se dresse sur le fond d’or traditionnel du passé, qui prend ici un caractère de gravité solennelle. La Vierge est assise, au milieu, dans ses vêtements de deuil, les mains