L’ART ET LES ARTISTES Mutée de 11,1i, JEAN FOUQUET — ETIENNE CHEVALIER ET SON PATRON ou païens, qui regardent avec sympathie les saints personnages et sa vue de Paris, avec le Louvre, la tour de Nesle, et les Parisiens badauds qui causent appuyés sur les parapets du fleuve. Cette oeuvre grave et puissante d’intérêt fut attribuée tour à tour à Van Eyck, à Rogier Van der Weyden, à Memling, à Van der Goes. C’est pourtant urne oeuvre essentiellement française par l’exécution, les types, le décor, peut-être, seulement, exécutée à Paris par quelque artiste du Nord. Du reste, l’art prend de plus en plus un carac-tère international. Le cosmopolitisme est la règle cher les artistes. Les étrangers travaillent en France, les Français au dehors, chacun emprun-tant au pays une part de ses habitudes, puisqu’il devait se conformer à ses moeurs, et v apportant une part de ses traditions et de sa technique ori-ginelles. Parfois même, leur nationalité reste imprécise, au point de vue de notre conception actuelle, car certaines provinces, aujourd’hui net-tement distinctes de la France, relevaient alors de la couronne. Aussi l’Ecole bourguignonne se continue en Flandre avec des maîtres qui étaient considérés alors comme des maîtres français : Rogier de la Pasture, de Tournai, désigné sous le nom de Rogerus Gallicus ; Jean van Eyck (Johannes Galbais); le maître qu’on appelle le maître de Flémalle, que certains croient être Jacques Daret, ayant travaillé longuement à Arras; Simon Marmion, de Valenciennes, et bien d’autres occupés par les ducs de Bourgogne pour les résidences diverses de leurs états flamands ou bourguignons, et dont les oeuvres s’étendent même jusque dans les régions méridionales où ils sont fré-quemment appelés. Ces maîtres ont été étudiés à l’occasion de l’Ecole flamande, il n’y a pas à y revenir ici. Les oeuvres les plus célèbres qu’ils ont laissées en France sont la Vierge au Donateur (le chancelier Rolin), de Jean van Eyck (musée du Lou-vre); le retable de l’hôpital de Beaune, de Rogier van der Weyden; la Vierge glorieuse, du musée d’Aix, qu’on attribue au maître de . Flé-malle. L’école qui semble ensuite avoir eu le plus de rapports avec l’école flamande-bourguignonne, est celle qu’on peut appeler l’école proven-çale, bien qu’elle embrasse les régions voisines, mais si parentes, du Comtat-Venaissin et du Languedoc. Avignon, du reste, en est le centre, Avignon, où la papauté s’établit avec Clément VI, qui devint naturellement un milieu actif de propagation d’imagerie religieuse et un foyer d’art très ardent. Les artistes étrangers y aifiuent de Flandre et d’Italie, s’y établissent, s’y mêlent et composent un art qui tient de ces deux influences, tout en prenant un fort accent local. De bonne heure étaient venus, dans la cité papale, les maîtres de Florence ou de Sienne, entre autres Simone di Martino, appelé par Benoît XII, qui mourut à Avignon en 1344. Le Château des papes ne conserve plus que des fragments très dégradés de ces splendeurs primitives. C’est pour cette région que les oeuvres sont, sinon les plus typiques, du moins les plus nom-breuses et qu’on a pu en authentifier sérieuse-ment quelques-unes. Il y aura aussi, à côté de l’influence pontificale, l’action du roi René, pas-sionné pour les arts, qu’on peut compter lui-même au nombre des peintres, et qui attira datas sa résidence provençale d’Ail des artistes de ses domaines d’Anjou et de Naples, sans préjudice de ceux du Nord. Au milieu de tous les noms relevés par l’érudi-6o