L’ART ET LES ARTISTES JEAN FOUQUET — L’HOMME AU GOBELET la miniature, marquent une curieuse influence, dans la fraicheur du coloris, le modelé des figures, et le sentiment de l’école siennoise. Il y a un léger souffle d’idéalisme mystique qui se mêle heureuse-ment au naturalisme expressif des personnages, pris avec un accent de vérité rare dans la réalité, telle la figure du bourreau qui brandit sa lourde hache dans un geste d’énergie farouche. Pour compléter la liste des peintres en renom à cette date, il faut y joindre, soit les miniaturistes, soit les peintres qui ne nous sont plus connus que par leurs travaux de miniature, leurs autres ou-vrages ayant été perdus ou détruits : ce sont le Parisien Jean Pucelle, qui travaille au début du xis, siècle et crée autour de lui une école long-temps célèbre; Jean de Bandol (ou Jean, ou encore Henuequin de Bruges), de qui on possède une Bible bistoriale datée de t372 et à qui l’on doit le modèle des tapisseries de la cathédrale d’Angers; André Beauneveu, le plus célèbre, originaire de Valenciennes, peintre et sculpteur, auteur des sta-tues de Jean le Bon, de Philippe VI, d’Anne de Bourgogne et de Charles V, pour la basilique de Saint-Denis, de qui on possède une oeuvre authen-tique, un psautier latin de la Bibliothèque natio-nale et à qui on attribue un beau dessin du Louvre 58 représentant la Mors et l’Assomption de la Vierge; Jacquemart de Hesdin, Jacques Coène, de Bruges, qui avait peint, croit-on, le précieux et célèbre manuscrit connu sous le nom de : Heures dit ma-réchal de Boucicaul ; les frères de Limbourg que le comte Durrieu pense, non sans bonnes raisons, être les neveux de Malouel. Pol de Limbourg a travaillé au recueil des Très riches Heures du duc de Berry (musée Condé, à Chantilly), œuvre du plus haut intérêt par l’art nouveau qu’elle représente : observation attentive, clairvoyante et délicate de la nature et de la vie, particulièrement dans le calen-drier des mois, avec les scènes des travaux des champs et qui annonce la grande et belle œuvre de Jean Fouquet. EN’ SICLE C’est une période de l’histoire de notre école nationale où les lacunes se font sentir le plus douloureusement, car aujourd’hui que la persé-vérance laborieuse et enthousiaste des chercheurs et des érudits lui a restitué un certain nombre de chefs-d’œuvre attribués jadis aux écoles étran-gères, on conçoit, trop tard, hélas! quelle a été son importance, et c’est d’elle vraiment qu’on peut dire, plus justement que de la période sui-vante du xvi. siècle, qu’elle a été notre renaissance. Tout en subissant, mais dans une assimilation si discrète et si intelligente, les influences du Nord et du Midi, elle n’est pas inféodée encore étroitement, comme après l’entrée en scène des grands envahis-seurs d’Italie, à cet idéal étranger de dilettantisme grandiloquent. Elle sait garder, en associant le senti-ment à la beauté, l’indépendance d’un esprit nourri d’observations à la discipline d’excellentes tech-niques, le véritable caractère national, ethnique et populaire que l’Ecole aura tant de peine à retrou-ver, plusieurs siècles plus tard, avec la poussée démocratique des temps contemporains. Par mal-heur il ne nous reste, d’une part, que des grands noms auxquels on ne peut attacher aucune œuvre; de l’autre, que de grandes œuvres auxquelles ne correspond aucun nom. Rares sont les maitres que l’on peut glorifier dans leurs travaux, rares sont les chefs-d’œuvre qui nous permettent de porter sur un auteur déterminé notre admiration et notre gratitude. La plus grande partie de ce xv’. siècle fut, pour-tant, tristement remplie par les événements les plus douloureux pour la royauté et pour le pays. L’art ne ralentit pas, néanmoins, son activité, nuis cette activité se porta naturellement vers les pro-vinces indemnes. Paris perd son hégémonie dans les arts. Comme monuments, on peut rattacher à