L’ART ET LES ARTISTES Musie det Louvre. ECOLE D’AVIGNON (xv’ suki,E) — PIETA DE LA CHARTREUSE DE VILLENEUVE Mais on en voit surtout la preuve dans les rares monuments de peinture mobile qui nous restent et dans les miniatures qui permettent de combler les grandes lacunes. Pour cette période, le nombre des peintres cités par les actes et documents de toutes sortes est déjà considérable, mais, pour la plupart, ce ne sont que des noms. Nous savons entre autre que Philippe le Bel envoya à Rome un peintre, Etienne d’Auxerre, personnage, sans nul doute, important. Nous trouvons, dès l’origine du siècle, un Jean d’Orléans qui parait avoir eu une lignée très étendue. Il semble, pourtant, qu’on puisse attribuer en toute vraisemblance à Girard d’Orléans, qu’on croit être son fils, l’un des monu-ments les plus précieux de notre école, car il en est comme le premier tableau proprement dit. C’est le portrait du roi Jean le Bon. Ce Girard était, en effet, le peintre de prédilection du malheureux souverain et avait tenu à partager sa captivité. Cette pièce daterait donc de 1359 environ. Elle est remarquable par l’accent de sincérité, la simplicité expressive et, peut-on ajouter, par la ressem-blance psychologique. Elle inaugure dignement cette suite ininterrompue de l’histoire du portrait dans laquelle notre école a brillé d’un si vif éclat. C’est à ce Jean d’Orléans, qui fut occupé par le roi, le duc de Berry et les ducs de Bourgogne et mourut en 1418, qu’on attribue également une pièce capitale pour nos origines. C’est le dessin sur soie du musée du Louvre, connu sous le nom de Parement de Narbonne. Le Calvaire entouré de di-verses scènes de la vie ou de la passion de Jésus, de groupes d’anges, séraphins, saints, avec les por-traits agenouillés de Charles V et de la reine Jeanne de Bourbon, entre des encadrements d’architecture, oeuvre remarquable par ses figures expressives jus-qu’à la charge, mais fortement pathétique et qui, dans certaines parties, telles ce Christ es la Samari-taine est d’une beauté simple et aisée qui étonne pour une peinture de cette date et rappelle les meilleurs morceaux de la statuaire. On la date approximativement entre 1364 et 1377. Cette dynastie des d’Orléans comprend encore un François, fils de Jean, qui succéda à son père près du roi Charles VI et fut chargé de l’organisa-tion des obsèques de ce souverain. On signale principalement parmi les noms d’artistes relevés pour cette date ceux de Colard de Laon et d’Etienne Langlier, qui travaillent surtout, le premier pour le duc d’Orléans, le second pour le duc Jean de Berry. 56