LA PEINTURE FRANÇAISE ENG LER N D CHARONTON COURONNENIENT DE LA VIERGE réalités vivantes. C’est l’aurore vague du prin-temps qui s’annonce. SIèCLE Le xnr siècle est un grand siècle puisque c’est celui de Philippe-Auguste, de saint Louis, de Philippe le Hardi. C’est aussi le siècle du plus merveilleux essor d’architecture éclos sur notre sol. C’est la grande et magnifique période de ce nouveau style — qu’on a appelé style gothique et qu’on eut dé appeler style français par excellence, — qui crée les splendeurs de nos cathédrales. Les arts plastiques reçoivent une nouvelle impulsion. Elle se manifeste plus particulièrement dans la sculpture, collaboratrice plus directe de l’architec-ture, qui peuple les portails, les niches et les clo-chetons. Elle se distingue par des caractères de beauté qui la rapprochent de l’antique, par la sim-plicité expressive des tètes, le naturalisme intelligent qui l’inspire, la beauté et la pureté des draperies qui, certainement, par leurs plis et leurs cassures, influenceront les peintres. L.i peinture murale perd alors de son importance en raison de la dimi-nution des surfaces avec le nouveau style, qui offre plus de vides que de pleins. Elle se développe alors sous la forme du vitrail qui, en ce siècle et au siècle suivant, sera dans tout son éclat comme 53 beauté esthétique et comme technique. Les ateliers de verriers de Saint-Denis et de Chartres sont célèbres et répandent leurs artistes et leurs pro-duits par toute la France. Les vitraux de Chartres, de la Sainte-Chapelle et les roses de Notre-Dame de Paris, par exemple, montrent, au seul point de vue de l’art, un dessin plus libre, une aisance rela-tive, un esprit d’observation moins timide, un goût de vérité qui se manifeste dans la mimique, le costume, les rapports entre les personnages. C’est l’esprit qui domine également dans les rares morceaux qui nous restent de la peinture propre-ment dite de ce temps. L’abside de l’église de Saint-Crépin, à Evron (Mayenne), qui date du com-mencement du siècle, offre, dans sa voûte, un Christ glorieux entre les symboles des Evangé-listes, des saints et des anges, d’une ordonnance symétrique qui relève encore du passé, mais avec plus de liberté dans l’attitude et le geste. Les peintures de l’abside de l’église de Montmo-rillon (Vienne), qu’on peut dater du milieu du siècle, offrent une Vierge, assise dans une gloire, tenant dans son bras droit l’Enfant Jésus, qui cou-ronne d’une main. sainte Catherine. La mère élue du divin bambin° a pris l’autre main de l’enfant et la porte à ses lèvres d’un geste naturel et touchant. Et c’est à peu près l’heure même, a-t-on justement observé, où l’on promène à Florence procession-