Bibliographie Artistes Modernes, par CHRISTIAN BRINTON, un beau volume illustré de 55o pages. Prix: 7 fr. 50 (6 shillings), port en plus. The Baker and Taylor Company : Union Sana r e. North. Nem- York. Le présent ouvrage constitue une importante contribution à la littérature de la critique d’art moderne. L’auteur, M. Christian Brinton, universellement connu comme critique et écrivain, a été placé dans des circonstances exceptionnelles pour se familiariser avec son sujet, et son texte est original, vivant et suggestif. Petitsetit suivant une donnée d’un bout l’autre personnelle et expressive, et cependant établi sur des principes avancés d’interprétation esthétique, A rtistes Modernes embrasse un champ très étendu et s’adresse à un public plusnombreux que les ouvrages habituels de ce genre. Dans une série de chapitres brefs et incisifs, consacrés cha-cun à un artiste particulier, il s’est efforcé, non de retracer laborieusement l’origine et le développement de certaines influences plus ou moins importantes, mais du caractériser ces tendances en des expressions vives et humaines. Afin de mieux dépeindre ces forces ut ces influences, qui vivifient aujourd’hui l’art de tous les pays, le choix qu’il en a fait a été conçu d’après un point de vue large et éclectique plutôt qu’étroit et local. Un grand nombre de figures caractéris-tique s — non des plus célèbres et des mieux réput-ventionnellement — ont été choisies dans des pays difféées renconts, dans l’intention de dégager le sens de la personnalité de chaque artiste et son sentiment individuel à travers les condi-tions et l’ambiance esthétique et sociale de sa patrie réelle ou adoptive. Quoique ce livre étudie d’essor prés les mani-festations complexes de l’art du xffi« siècle, il n’est pas conçu dans une intention uniquement spéculative et critique. Il reste résolument bienveillant dans ses appréciations et, autant que faire se peut, chaque artiste est, pour ainsi dire, admis A plaider sa propre cause, par les faits de sa vie et son œuvre. La période envisagée s’étend sur plus d’un siècle, le livre s’ouvrant avec Fragonard, qui dit si gracieusement adieu au reg. du rococo, et œ fermant sur Zuloaga, un des derniers peintres que l’on puisse admettre parmi les maitres modernes. L’ouvrage contient soixante et une illustrations, dont quatre sujets en couleur, une photogravure et cinquante-six pleines pages. Le papier, la reliure et tous les détails de la fabrication eu sont particuliérement riches et soignés. C’est un tnagnifique ouvrage d’art. Antonio Moro, son Œuvre et son Temps, par HENRY lierions, conservateur en chef honoraire de la Bibliothèque royale de Belgique, correspondant de l’Ins-titut de France. — L’ouvrage forme un beau volume in-4. de sou pages de texte environ, contenant 56 plmches hors-texte admirablement tirées en héliogravure et en hellotypie. Prix de l’ouvrage broché, 01 francs ; relié, 3o francs. — Edition de lave : Il a été tiré de cet ouvrage t i exemplaires de grand luxe, texte et planches tirée sur papier de la Manufacture Impériale du Japon, numérotés de t à 15. Le prix de ces exemplaires est de pi francs. — Librairie Nationale d’Art et d’Histoire, G. Van Oest et Ci«, éditeurs, té, place du Musée, Bruxelles. L’histoire ne l’art n’offre guère d’exemple d’une évolution plus imprévue que celle accomplie par l’école néerlandaise de peinture au cours du xffi« siècle. Ce mouvement se œrac-térise surtout par la préoccupation, discrète au début, de l’exotisme, qui dégénéra bientôt en un entrainernent irrésis-tible. Par groupes, on voyait les artistes néerlandais franchir les Alpes et nombreux étaient ceux qui partaient sane esprit de retour : l’italianisme sévissait dans toutes les manifesta-tions de l’art des Paye-Bas. Bien qu’il ait vécu en plein dans cette époque et que jusque la désinence italianisée deson nom atteste cette influence, Antonio Moro affirme sou génie sous des formes asser indépendantes pour frapper de surprise le critique. n Il ne tient à aucun temps et A aucun pays, écrivit Burger A la vue de son œuvre A l’Exposi ion des Trésors d’A r( Man-chester en 1857, On plutôt il participe des qualités des meilleures écoles. Et la critique allemande, à son tour, n’hésita pas A proclamer que s’il avait survécu au Titien, l’Europe eût salué en lui son plus grand portraitiste. (Das Museum, I1Uitiale année, page m.) Indépendamment du portrait dans lequel il fut un maitre et où il affirma une technique prestigieuse, Antonio Moro produisit également des œuvres à sujet religieux et méme allégorique ou de pure fantaisie et que d’anciens inventaires portent formellement a son actif. On en trouvera divers exemples dans cet ouvrage. L’œuvre de Moro, abstraction faite de sa haute valeur artistique, est d’un incontestable intérêt historique. Elle se rattache, en effet, à toute une période de l’histoire de l’Eu-rope, principalement des Pays-Bas, de l’Espagne, de l’Au-triche, de la France et de l’Angleterre. Ainsi que l’auteur le rappelle dans l’avant-propos : e Il y avait intérêt à mieux faire valoir le rôle d’un peintre que, durant l’espace de trente années, l’on voit se produire dans le vnage de quelques-unes des plus saillantes individualités d’uoisine période de nos annales, à l’étude de laquelle ne cessent de sevouer avec passion les érudits. A travers les effigies de Moro, on voit revivre les acteurs du grand drame du sue« siècle Philippe II, Marie Tudor, Marguerite de Parme, le Duc d’Albe, Guillaume d’Orange, del Rio et jusqu’aux individualités dont le rôle ne fut que secondaire ; mais des uns comme des autœs son génie a immortalisé les traits. Au coutre de sa vie très mouvementée, Moro séjourna dans les Pays-Bas, en Italie, à Nladrid, à Lisbonne ; il fut tour A tour attaché aux cours de Charles-Quint et de Philippe II, A la personne du Duc d’Albe et A celle de Granvelle, , il put perpétuer ainsi Ire traits de tous les grands de cette époque. 94