L’ART ET LES ARTISTES listes, les Vertus, et peut-étre les Sybilles; sots célèbre bap-tistère, que couvre un merveilleux baldaquin de chéne ; son buffet d’orgues, oit défile Alexandre le Grand, où sainte Cécile joue de l’orgue et David de la harpe ; son vieux vitrail, encore, et ses grandes bannières aux riches et soyeuses broderies. Le mur d’enceinte du cimetière de Gui-suffise garde l’un des ensembles les plus évocateurs qui soient du passé de la France et de la Bretagne. Il y a quelque trois ans, à la suite d’une visite des félibres en Avignon, l’un de ces fervents vint jeter un cri d’alarme au sous-secrétariat d’Etat des Beaux-Arts: il avait remarqué que dans l’église Notre-Danse des Doms, les fresques d’une chapelle qu’on appelle communément « la chapelle aux pein-tures « étaient menacées de destruction. Il s’agissait de peintures de Devéria, lequel après avoir tenté un timide essai de fresque, continua à l’huile sa décoration murale, dont une partie neuve est sur toile et sur panneaux isolés des murs. M. J.-L. Pascal, membre de l’Institut, inspecteur général des bsitiments civils, accompagné de M. Valentin, inspecteur, put constater que la couverture en pierre, à l’exception de la coupole — ne présentait aucun désordre des joints, et par conséquent aucune chance d’infiltration ; néanmoins, il fit pratiquer des sondages, aussi bien dans la partie des voûtes agrandie ss Louis-Philippe que dans les parties plus ou anciennes, et il s’aperçut que les reins des voûtes étaient recouverts de terre provenant de déblais (on y rencontra meno des ossements) et que certaines parties en étaient fort humides, ce qui témoignait que les pierres, soit dans leur contact avec les parois verticales de la nef (la chapelle en question forme bas-côté), soit au travers de leur épais-seur, avaient laissé filtrer de l’eau. On prit donc le parti radical de remplacer les dalles actuelles par des pierres de garantie plus certaine ; on leur donna plus de pente ; on augmenta les précautions dans leur superposition ; on supprima tout garnissage des reins de la voûte, en ménageant un écoulement pour l’eau qui, par accident, pourrait s’y introduire. Cette besogne préliminaire est terminée à la satisfaction générale ; il n’y a plus qu’a attendre un séchage complet puer consolider les peintures et pour raccorder Certaines par-ties malades, travail qui ne saurait etre confié à de meilleures mains qu’à celles de l’habile spécialiste, M. Ypermann. Mais à la coupole, aux arcs qui la portent, aux dou-bleaux, etc., il y a d’autres fresques d’une époque beaucoup plus reculée, puisqu’elles sont Pceuvre du peintre siennois Simone di Martino (Simone Metunsi), et en recherchant les atteintes qu’elles avaient subies, on a été amené à découvrir quelques désordres dans la couverture de cuivre, des dégra-dations à certaines assises. M. J.-L. Pascal obtint alors les crédits nécessaires pour la réfection de la toiture de la cou-pole, et, une fois cette opération terminée, on va pouvoir, gràce é un difficile échafaudage, s’approcher des fresques, les consolider, en compléter la partie ornementale, sans toucher en rien aux figures et, généralement, en mettant le plus grand scrupule à ne faire que le strict nécessaire. C’est de cc travail délicat que va s’occuper maintenant M. Ypermaun. g L’Art et le Charité. Deux goelettes d’Islande, l’Hygie et la Glattruse, montées par 55 housses d’équipage et appartenant .1 la région bre-tonne, si particulièrement éprouvée cette année, viennent de 9 se perdre, corps et biens. Ce désastre laisse 117 orphelins en bas àge et dans la plus profonde misère. L’Association amicale dus Bleus de Bretagne, qui a pour présidents d’honneur MM. Th. Ribot, de l’Institut, et Armand Dayot, inspecteur général des Beaux-Arts, et pour président M. Ch. Guernier, député d’Ille-et-Vilaine, et à la généreuse initiative de laquelle toute la presse française s’associera de grand coeur, a décidé d’organiser une tombola artistique au profit des infortunées victimes. Elle fait appel à tous les artistes, peintres, graveurs et sculpteurs, que cc grand malheur émeut et qui aiment la Bretagne. Le prix du billet sera de so francs. Des billets de la tombola seront adressés à tous ceux dont les souscrip-tions parviendront aux bureaux de la Revue L’Art el les Artistes, 23, quai Voltaire. C’est au si d cette adresse que arront centralisés toutes les adhésions et tous les envois des tistes désireux de participer à cette oeuvre de charité. Sont déjà parvenues les adhésions de MM. Rodin, Cottes, Waltner, Edouard Dessille, Albert Besnard, Dagnan-Boureret, Cons., Roll, Jean-Paul Laurens, Gaston La Touche, Lucien Simon, J.-F. Raffaelli et Luc-Olivier Mers., etc. Le tirage de la tombola est fixée en décembre. Monuments. Au cours de sou récent voyage en Savoie, M. le Président de la République a inaugurê,à Chambéry, un monument à Jean-Jacques Rousseau. Ce monument, œuvre de M. Mars-Vallette, sculpteur et conservateur du hissée des Charmettes, cette petite maison témoin du séjour de J.-J. Rousseau cher Mn.. de Warens qu’il a, par son initiative, largement contribue faire acheter par l’administration des Beaux-Arts. Il s’élève au sommet d’une colline entourée d’un cercle de montagnes dominant la ville de Chambéry. Jean-Jacques Rousseau est représenté jeune, à l’àge qu’il avait à peu prés quand il est entré pour la première fois aux Charmettes. Il marche, descendant d’un pied léger, la main droite dans la poche de son habit, la gauche appuyée sur une canne. Sa démarche est tout à fait gracieuse, et il semble se diriger, content, joyeux, heureux de vivre sous un beau soleil, dans un pays magnifique et qu’il sait apprécier. dit Nécrologie On annonce de la Haye la mort du peintre paysagiste Wilhetn Maris, décédé à l’àge de soixante-six ans. Né à la Haye en 1044, W. Nlaris était le plus jeune de trois frères dont les nuisis resteront attaches à l’histoire Je l’an moderne hollandais. Le talent de hVilhens ne s’est fait jour qu’assez tardivement. Son célèbre compatriote, Anton Mauve, a beaucoup contribué à répandre sa renommée. Deux petites toiles du maitre défunt ont été dernièrement achetées mille guinées chacune à la vente de la collection Alexandre Young. On naos annonce d’Amérique la mort d’un artiste bien connu pour ses études de la vie des nègres, M. Winslow Homer, né à Boston en 1836. Il s’était aussi adonne à la lithographie et avait été pendant quelque temps professeurà l’Académie nationale Je dessin. Ses premiers envois aux expositions datent de 1863 ; en 1867 et les années suivantes il avait exposé sus Salons.