L’ART ET LES ARTISTES part faite aux talents jeunes. Pour ce, il faut qu’un jury conscient vraiment de la responsabilité certaine prise devant la riants par l’organisation de ces a mostre a, auxquelles Venise ajoute un caractère de fête dû à son fameux décor naturel, s’impose une sévérité de jugement qui, appliquée à tant d’ar-tistes pompeux, vains et fort honorés, ne serait que justice. L’impression de manque de jeunesse, de manque de vie, de manque de compréhension des innovations de l’esprit moderne lesquelles ne porteraient pas seulement sur de vagues recherches techniques, nous est trop familière dans les salons officiels du monde entier, pour qu’on pardonne à Venise de se ranger de ce côté assez insignifiant de la barricade. Et l’échec d’une salle consacrée à Venise, aux e Jeunes », qu’on ne sut choisir ou qu’on n’attira pas, est fait significatif. Conçues sur des bases moins officielles, sur plus d’enthou-siasme que de cucul, l’Exposition de Venise accueillerait sans doute les artistes italiens dont le labeur peut contenir quelques significations importantes pour tous, et qui ne risqueraient pas de s’amoindrir tous les deux ans à Venise dans le tolu, bohu habituel des exhibitions internationales. Le sens de leur oeuvre révélerait petit-être un aspect de l’unie esthétique italienne contemporaine dont l’analyse serait féconde. MENIENTO, — Dans une église abandonnée de Pérouse, on a découvert des fresques qui semblent dater du XII, au xlvi siècle. Ce sont des figures d’apôtres et de saints, quelques-unes témoignant d’un art sûr et dégagé, d’autres plus primitives, dont on ne peut encore reconnaisse les auteurs. La découverte définitive et la restauration de ces œuvres d’art assez importantes, viennent d’être achevées. Le temple franciscain de Santa Croce, à Florence, vient d’être aussi ennobli pas des restaurations fort intelligemment accomplies. L’élégante architecture de quelques fenêtres, de motifs ornementaux, d’une porte, recouverts par les toujours affreuses superpositions des siècles, enfin, de très beaux vitraux et une importante fresque du xv» siècle, également cachés sous les couches profanatrices, viennent d’être remis à la lumière. RICCIOTTO C.481.100. ORIENT LE MAUS01.8.4 DE 114/8-E0018-BARBEROUSSE. — Constan-tinople. — De grands travaux de déblaiement et de terrassement sont, à cette heure, entrepris à Bechiktach, sur les rives du Bosphore, à l’effet de dégager un des monu-ents les plus curieux de l’époque de Suleiman le Iflagni-figue le turbé ou mausolée de Haïr-Eddie dit Barberousse, corsaire fameux du XV11 siècle, qui parvint à la charge d’amiralissime de la flotte ottomane et au grade de cap.- /mi-ha, dignité correspondant aujourd’hui à celle de ministre de la marine. Jen’entreprendrai pas, à cette place, d’entrer dans les détails de la vie guerrière du célèbre pirate qui, après avoir été t proclamé général de lai et souverain d’Alger par tous les capitaines corsaires JJ, fit hommage de ses états à Selim 1,, et reçut de Suleiman le Grand le commande-tuant suprême des forces navales de la Turquie. Hair-Eddin-Barberousse fut en quelque sorte un Jean Bart otto-man. La première moitié du xvû siècle est remplie de ses exploits. Il vint même jusqu’à Marseille mettre ses galères à la disposition de François Io, dans la lutte que le roi de France avait à soutenir contre Charles-Quint, et mérita, toute sa vie, d’être considéré comme le plus grand marin de son époque. Bien avant Latouche-Tréville, Chateaubriand et Haindy-Bey qui avaient, en mourant, exprimé le désir d’être enter-rés devant la nier, Hair-Eddin avait fait part au Sultan d’un voeu semblable. Epuisé par l’abus des plaisirs et sentant venir sa fin, il demanda au Grand Seigneur auquel il laissait la Liuoitié de son bien, de lui faire dresser un mausolée face er, afin qu’il pût, disait-il, voir éternellement les flots bleus. Fidèle à la promesse faite au moribond, Suleiman fit élever ft Bechiktach un superbe tombeau oit furent inhumés les restes du héros de Prevetza et du redoutable adversaire d’André Doria. Par une attention qui honore la mémoire du souverain, ce tombeau fut édifié près du Inetle,ssé — une des premières hautes écoles de Constantinople, dénonunée Hair-Eddie IsIntlessi Mestljidi Mettressessi — qu’Hair-Eddin avait fondé son vivant, sur l’emplacement même oé il avait débarqué, 88 en triomphateur, après le grand combat naval de Castel-Nuovo. Ce mausolée affecte les dehors d’une petite mosquée. Sa forme carrée, flanquée, aux quatre coins, de pavillons cir-culaires, est surmontée d’une coupole et mesure en hauteur un dizaine de mètres environ sur une base de vingt-quatre mètres. C’est un des bons spécimens qui se trouvent Constantinople de Fart musulman du xvû siècle, cet art qui, empruntant ses éléments à l’art arabe, à l’art persan et à l’art byzantin, se développa à Brousse, sous les premiers padischains, et s’affirma avec la magnifique Mosquée verte et le non moins magnifique ‘l’unité vert. C’est à cet art que Stamboul — devenue, après la conquête, la capitale de l’empire turc — est redevable des superbes monuments qui s’v élevèrent successivement depuis Mahomet II jusqu’à Ahmet III. Il en est qui sont de purs chefs-d’osuvre comme le merveilleux Tchinili-Kiosk et l’admirable Feladine du Sultan Ahmet. A cette époque, la topographie des rives du Bosphore, surtout de Kourou-Tchesme à Cabatach, était autre qu’elle n’est aujourd’hui. Béchiktach s’avançait dans le détroit en un cap minuscule, entre deux petites anses en retrait d’un effet des plus pittoresques. Exhaussé à la pointe de ce cap, le mausolée était visible de toutes parts. De l’intérieur du tombeau, la vue pouvait également, à travers les baies des pavillons, s’étendre, à gauche, sur le Bosphore jusqu’à Tchénguel-Keuy ; à droite, sur l’entrée de la Corne-d’Or jusqu’à la nier de Marmara. Petit à petit, cependant, des alluvions vinrent combler ces anses et firent, de siècle en siècle, plus grand l’espace qui se trouve entre la tombe et la mer. Sans souci aucun pour l’esthétique du mausolée, d’immondes baraquements furent échafaudés sur les terrains acquis ainsi sur les flots et fini rent par masquer complètement le turbe de Hair-Eddin-Barberousse. Si, eu 1840, le mausolée était encore parfaitement visible du côté de la m qu’en fait foi une aquarelle prise par le commandant de la Belle-Poule, le prince de Joinville, qui fit un voyage à Constantinople avant de se rendre à