L’ART ET LES ARTISTES figue et voluptueux) est plus que sympathique. M. J.-M. Sert est très fort son œuvre est de haute importance. Sa Danse de l’Amour, dix com-positions pour le péristyle de la salle de bal du marquis de Atella, à Barcelone, est d’une turbu-lence endiablée. Tout saute, tout bondit, les pers-pectives s’ouvrent, infinies; des êtres mytholo-giques et légers s’y précipitent dans tous les sens, et cela procure à cette salle l’air de donner en plein ciel, d’être envahie par cette résurrection païenne. Et quel étourdissant métier !… Le Combat de Cerfs, de M. Georges Lacombe, ressemble a une très belle tapisserie et, en même temps, plus vaguement, à un bas-relief ciselé en plein bois, discrètement rehaussé de couleurs. C’est d’un effet sobre et sûr, une très intéressante déco-ration. Il ne faut pas oublier l’effort de M. René Seys-saud qui, outre un Verger .rut l’Étang, où se retrouvent ses habituelles qualités de pittoresque savoureux, expose un Saint-Chamas (paysage), sorte de décoration synthétique, sobre et assez sombre, d’une mélancolie insistante et quasi-religieuse. M. Pierre Girieud, dont les Baigneuses sont sim-plement de pauvres études académiques, gratuite-ment étirées et déformées, expose un carton pour un vitrail : L’Eau, la Terre el l’Air, très violent de couleurs, très riche et d’un sentiment humoris-tique inattendu. C’est fort curieux. Il y a là un accord qui semblait à tout jamais impossible entre l’humour et le sens décoratif, sans qu’il y ait rien de choquant ou d’insuffisant. Citons enfin, parmi les oeuvres décoratives (elles abondent au Salon d’automne, tout au moins nommément) le grand tableau de M. Jean Peské : L’Homme à la Brouette, oeuvre solide et sérieuse, qui ne cherche pas à plaire, niais où l’examen attentif découvre des qualités de premier ordre, notamment l’entente très juste des perspectives et de la qualité des terrains; Les Beaux Oiseaux, un panneau décoratif d’une ardente et merveilleuse intensité de coloration, dû au pinceau monticel-lesque de M. André Suréda; Septembre, riche composition de M. Jacques Martin; La Danse, panneau de M. Beaubois de Montoriol, etc. Les progrès de M. Edouard Morerod sont consi-dérables. Le Portrait de Conchim Olives’ et Gitane de Triana n’apprennent, malgré l’excellence de leur dessin, rien de nouveau sur cet artiste, mais le grand tableau qu’il appelle Mernslila et sa dl,,, n’est pas MM d’être un chef-d’œuvre, tant par son allure générale, son style, à la fois simple et noble, et le »aillé psychologique des figures. J’espère que ce tableau fera tomber, cette fois tout à fait, les St reproches que certains critiques adressaient à M. Morerod, à propos de sa couleur… Les portraits de M. Kees van Dongen, presque toutes exagérations tombées, nous laissent en pré-sence des qualités réelles et profondes de ce peintre, qui possède à un très haut degré le sens de la cou-leur et dont, par ailleurs, les premières oeuvres attestent la science du dessin. Notre-Seigneur Psus-Christ flagellé, de M. George Desvallières est une chose fort émouvante, d’un âpre sentiment religieux. Seul, un artiste intensé-ment attentif à sa vie intérieure pouvait le conce-voir et l’exécuter. L’envoi de M. André Chapuy fut particulière-ment remarqué. Il y a là cinq tableaux dont cha-cun représente un effort particulier sans rapport avec les autres, et cependant un môme amour de Paris, une même connaissance de son atmosphère et aussi une technique pareillement sobre leur donnent une sorte d’unité. La Neige air la Seine notamment et Pauvre Fille sont des œuvres mieux que pittoresques. Elles sont touchantes. Si M. Simon Bussy, avec la Fontaine de la Sirène, va vers un archaïsme où, sans doute, beaucoup ne le suivront pas, M. Rupert Bunny, avec sa Baccha-nale et sa Vendange, un peu jordaenesque, et M. John Layery, avec son Anna Pavlorna toute en flamme, légère, aérienne, exquise, la tête renversée dans son écharpe rouge, manifestent l’un et l’autre mie envie de renouvellement tout à fait précieuse de la part de deux artistes aussi en possession d’eux-mêmes. Les aquarelles et les peintures de M. Laprade comptent parmi les meilleures que nous devions jusqu’ici à ce peintre, si subtil lorsqu’il le veut. M. Dufrénoy, aussi, est particulièrement heureux. Gênes et Venise ont encore raffiné sa vision. Très orientale et toute en or, en poudre d’or, apparaît .11″- Mardrus peinte par M. Manzana-Pissarro, un fervent des Mille et une Nuits. Pais de Semeur, une subtile nature morte de M. Drésa, atteste qu’il n’est pas voué pour toujours la prome-ner dans notre terne capitale les jolis fantômes de la comédie italienne. M. Jean Ray, transfuge des e humoristes ”, voit dans les enfants des person-nages vraiment étonnants Liliane el Arabella sont des. êtres absolument fantaisistes, niais adorables. Le portrait de felinne assise, de M. Lepape est, comme toujours, sobre, distant, ma peu froid, mais excellent. Avec Fillette el Peurs, M. Henri Lebasque nous a donné mie des plus simples, mais aussi une des plus parfaites et jolies choses qu’il ait encore exécutées. Sa sensibilité est vraiment charmante. La place nous manque pour citer autrement que