Les plus blasés s’arnétent les moins crédules s’éton-nent. Dans la petite salle de la Galerie Georges Petit, où il a exposé. en avril dernier, ses premiers essais, pres-que tous ceux qui les ont vus sont ressortis plus riches d’impressions qu’ils n’étaient entrés, réfléchis-sant à plus de choses et comme le garçon de noce qui a écouté le récit du Vieux ma rin, dans Colerigde « plus tristes. niais plus sages. » Car l’impression qu’il donne, d’abord très divertissante pour Eœil, est trop algue. pour ne pas pénétrer douloureusement. à la longue, dans cette région de filme où tout ce qu’on éveille souffre et pleure. Ceux qui ne se laissaient pas pénétrer, ou qui sont heureusement pour eux de nature impé-nétrable, sortaient de là, tout émerveillés de tant de fantaisie. ou indignés de tant d’audace, ou secoués d’un délire hilare. Nul ne restait insensible. Et ce non, de Mossa, inconnu hier, rappelle à tous aujourd’hui une note nouvelle entendue dans le concert, un peu monotone, de nos Expositions. Si nouvelle qu’elle soit, il ne faut pas croire qu’elle puisse décourager nos chercheurs d’a ricanes. Et. certainement, nous entendrons prononcer, à propos de Mossa, les noms de Gustave Moreau, de Burne-Jones, d’Aubrev Beardsley. de Carlos Schwabe, peut-être même, bien qu’il ne l’ait pré-cédé que de bien peu. d’Arthur Rackham. Certains de ces noms évoquent assurément des œuvres plus grandioses, mais aucune de leurs œuvres ne dis-pense de voir celles de Mossa. Bien inférieures, sur certains points, à celles des deux maitres: Moreau et Burne-Jones, celles-ci eu différent si totalement qu’on peut, en toute confiance, affir-mer que le nouvel imagier ne leur doit rien. Et c’est bien plus haut dans le passé qu’il faut remon-ter si l’on veut, à toute force, lui trouver des inspirateurs. Regardez son Santo, sa Mort d’Adonis. son .1 nengle. sa Danaé. dans l’esprit où vous regarderiez des enluminures de missel. De la simplicité_ de la 1: ART ET I.ES ARTISTES ‘ ALLONS, 11,V5F, HOMME, ALLONS. NiAliClit, NQUNNELLL, (usas’, citas’). logique, du réalisme, vous ne vous attendez pas à en trouveret rosis n’en trouvez pas. Mais vit-on jamais plus de fantaisie, plus de luxe décoratif. plus de détails bavards, chuchoteurs, plus de gestes inquiétants, éveil-leurs de pensées, plus de jolies trouvailles dans le monde inconnu de la sub-conscience ?Pourquoi cette Aphrodite rit-elle, sous cape, tandis qu’agonise entre ses bras, tout pâle et déjà verdutre, le pauvre Adonis. et que le sanglier roulé en boule. sous la lune qui se lève. laisse de ses défenses lentement égoutter le sang ? Pourquoi le Santo, téta d’une misé-rable robe reprisée et porteur d’orfèvreries précieuses. tient-il tant à garder sa lampe allumée en plein jour et comment des perroquets d’argent, mordant son cœur d’opale, y font-ils perler des gouttes de [rubis ? Que signifient ces longues aiguilles cruelles aux mains baguées de l’..IPeugk et que lui ont fait les femmes pour mériter d’are épinglées sur son livre comme des papillons ? Quelle étrange dessert pour Donné que ces grappes de pièces d’or, où elle mord comme dans du raisin ? Mais rosis n’expli-queriez guère davantage les grotesques chantournés dans le bois des stalles par les vieux <, Malines huchiers », ou étalés sur les vélins par les anony-mes imagiers des « très riches Heures ». Quant au goût que ces déesses. ou ces amantes de Zeus, ont de se faire habiller rue de la Paix, é n'est pas plus étrange que celui qui pousse Ghirlandajo à peindre, dans la suite de la Sainte Vierge, au chœur de Santa Maria Novella, des gravures de modes de son temps. Et pour peu que vous ayez visité le Musée de Rale et que vous vous soyez arrêté devant les admirables tableautins du lansquenet visionnaire Nickiaus Manuel Deutsch. David eurprenent Bethsabeé ou la Décollation de Saint Jean-Daphnie. vous ne trouverez. chez Mossa. rien de choquant, ni d'excessif, mais la reprise involontaire d'une tradition constante chez les artistes d'autrefois. Cette tradition n'est pas si facile à renouerqu'on 26o