L’IMAGIER MOSSA U« imagier » nous est né : je veux dire un artiste qui s’applique à peindre, pour la joie des yeux et la distraction de l’esprit. de belles images. Parmi tant de genres. tant d’écoles, tant de programmes. affichés et claironnés, en des exposi-tions innombrables, c’est, là. un genre qui man-quait c’est un rôle que nul ne songeait à tenir. C’est qu’il est modeste. L’ « imagier » ne prétend pas renouveler l’Art. encore moins la vie il ne songe pas à révéler les vérités premières de la Nature. ni à exprimer les angoisses de sa généra-tion, ni à tirer de quelque laideur, une nouvelle beauté. Non. Il prend une grande feuille de papier et. là-dessus, en marge du texte gris que lui fournit la vie courante ou de quelque vieille histoire racontée par les pères à leurs enfants, il trace des lignes et 257 pose des teintes à la ressemblance des plus singu-lières choses qu’il a vues, — les plus divertis-santes pour notre sens des gestes et des couleurs. Ces choses sont tirées de tous les règnes de la Nature du règne minéral, du végétal. de l’animal, indifféremment, — comme en sont tirées les couleurs elles-mêmes. Ces gestes expriment toutes les passions, passives ou actives, ou s’arrêtent en chemin et laissent l’esprit hésitant sur leur fin dernière. avec une subtile impression d’insécurité. Il suffit que les unes et les autres soient un régal pour et une nouveauté pour l’esprit. L’imagier les met ensemble et les peint avec exac-titude. dans l’étroit espace qui lui est départi. Il ne s’interdit pas. non plus, d’y accumuler ce qu’il a vu de plus beau dans les objets de fabrication