L’ART ET LES ARTISTES UN Mil 1111; DU H isrol. HE SAINTE ELISABETH en Souabe une éducation plus robuste mais il se plie à l’idéalisme colonais. Son évolution est caractéristique. Il s’ingénie d’abord dans un Juge-ment dernier, de la façon d’ailleurs la plus mala-droite, à être expressif et dramatique. Il finit sa carrière par des méditations exquises comme la Vierge dans la Roseraie. Sans doute cette vierge et la Madone à la Violette sont moins immaté-rielles, moins ingénues que les vierges de maitre Wilhelm. Il apparaît en elles quelque coquetterie et les plis de leur robe jouent avec une grâce un peu voulue. Elles n’en conservent pas moins un caractère de recueillement. Les anges qui les contemplent ou qui leur donnent un concert sont des bébés ; les larges nimbes et les fonds d’or nous éloignent du monde et nous incitent à la prière. Vers 1440, Stéphane Lochner acheva, pour la cathédrale de Cologne, un grand triptyque d’une ampleur inusitée et ce travail, populaire dès son apparition, est resté l’oeuvre la plus c3lèbre du xve siècle allemand. C’est le Dombild, c’est-à-dire, le tableau, unique entre tous, de la cathédrale. La partie centrale représente l’adoration des mages ; sur les volets, sainte Ursule et ses compagnes à gauche, à droite saint Géréon et la légion thébaine assistent à la scène sacrée. Sur les volets extérieurs est peinte une délicieuse annonciation. Le Dombild, n’offre rien de nouveau, rien d’imprévu dans sa conception et dans sa composition, mais il a une convenance, une aisance, un rythme ample et majes-tueux qui satisfont et reposent l’esprit. Par sa solennité et son unité, il est parfai-tement adapté à sa destination. Il s’associe à la célébration du culte dans une église grandiose. Il a dù, quand il parut, cho-quer les vieux Colonais par la mise en scène même, par la richesse des costumes, le luxe des accessoires, la recherche des types individuels, la coquetterie des com-pagnes de sainte Ursule, l’assurance de saint Géréon. Mais s’il est révolutionnaire au prix des oeuvres du maitre Wilhelm, ses innovations sont, à nos yeux, singu-lièrement timides. Les tètes sont encore imparfaitement modelées, faiblement accentuées ; les gestes sont arrêtés. Les personnages juxtaposés, collés les uns contre les autres, se détachent toujours sur un fond d’or. Quel que soit son mérite, le Dombild clôt une période d’art plutôt qu’il n’annonce une marche vers l’avenir. Par là il s’oppose à l’Agneau mystique, qui le précède de quelques années et s’il offre quelques indices d’orientation réaliste c’est, sans doute, que l’écho de la révolution accomplie par les Van Eyck est déjà parvenu jusqu’à Cologne. L’action flamande s’accentue dans la dernière oeuvre attribuée à Lochner, une Présentation au Temple du musée de Darmstadt dont une réplique intéressante se voit à Paris dans la collection Dollfus. La composition y est plus libre, neuve ; un essai est fait pour marquer des plans. La couleur reste tendre et subtile, le sentiment d’une qualité exquise. Il y a là une onction qui, à Cologne, ne se perdra jamais complètement. Au lendemain de la mort de Lochner en 1450, le style flamand domine Cologne. En 1451, Rogier van der Weyden peint pour l’église Sainte-Colombe une Adoration des Mages, exemple per-manent pour les Colonais. Déjà en 1438 un chanoine de Cologne avait commandé un petit autel portatit au maitre de Flémalle. Aucun des peintres qui enrichirent la ville de leurs œuvres dans la seconde moitié du xv siècle ne nous a transmis son nom. Mais la personnalité de quelques artistes transparaît dans leurs pein-tures anonymes et l’on a pu ainsi deviner des 250