L’ART ET LES ARTISTES Ph. 1 lernna STEPHANE LOCI I ER Les copistes ne sont plus des moines, mais des laïques ; ils ne travaillent plus exclusivement pour les couvents ou les princes. Les ouvrages s’adres-sent à une classe sociale nouvelle, la bourgeoisie, et cessent d’être uniquement religieux ce sont des chroniques, des livres de droit, des romans ou des recueils de poésie. Le peuple même réclame un aliment et on copie, à son usage, des Bibles des Pauvres, des Miroirs du Saha Humain. L’illus-tration se fait plus libre, plus actuelle. Un souffle nouveau d’émancipation passe sur la Germanie. Les manuscrits jalonnent, pour nous, ces siècles de formation. Ils ne nous consolent pas de la disparition des peintures murales qui couvraient palais et églises. Ces peintures, des textes nous l’attestent, avaient une variété de sujets. une richesse de développements que les manuscrits n’offrent pas. Destinées à fournir aux foules un enseignement permanent, elles avaient une enver-gure dont les manuscrits sont dépourvus. On les croyait, jusqu’à ces dernières années, totalement détruites. Quelques morceaux avaient, fort heureusement, échappé sous le badigeon, à la ruine et, dégagés depuis peu, ils méritent notre attention, tant par leur rareté que par leur valeur propre. Le plus ancien a été retrouvé en 188o dans l’église d’Oberzell, dans Elle de Reichenau. C’est Cul og ne. — LE JUGEMENT DERNIER un ensemble, remarquablement conservé, qui développe sur les parois d’une nef simple un cycle complet de décoration. Le Jugement dernier y est représenté, et les miracles du Christ s’y déroulent avec une grande gravité et un sentiment très vivant. L’artiste a une science très courte il ignore perspective et proportions ; sa palette est réduite à quatre couleurs : vert, bleu, rouge et ocre; il ne soupçonne pas l’art du modelé et, comme les miniaturistes, comme tous ses successeurs jus-qu’au XN’ siècle, il se contente, après avoir marqué les traits et dessiné les plis des draperies, de remplir les contours avec des teintes plates ; mais il use avec tant d’ingéniosité de ces éléments pauvres qu’il parvient à nous toucher. Sa pensée et son art se rattachent d’ailleurs étroitement aux traditions des enlumineurs de son temps et son oeuvre pré-sente des ressemblances étroites avec un manuscrit de Reichenau. le Codex Egberti. A Burgfelden en Souabe, des peintures plus hésitantes offrent, à coté d’un Jugement dernier, le repas du riche et sa mort, la mort de Lazare, le bon Samaritain, première indication de sujets que reprendront les imagiers du xmc siècle. Du xie siècle, nous conservons au dôme de Brunschwigg une Danse d’Hérodias d’une mala-dresse précieuse ; Hérodias danse en véritable 544