LA PEINTURE ALLEMANDE se sont inclinés devant la supériorité de leurs voi-sins les plus brillants. La succession des influences dominantes suffirait à elle seule à déterminer des périodes dans l’histoire de la peinture germa-nique. Les révolutions politiques qui ont fait, tour à tour, de l’Allemagne une des moindres puissances de l’Europe ou l’une des plus fortes, ont eu un retentissement direct et profond sur les arts. L’Allemagne. d’autre part, n’a jamais été un pays unitaire. L’évolution artistique y a été très complexe : des écoles locales y ont vécu côte à côte. sans qu’à aucune époque, ni loin-taine ni présente, l’une d’elles imposàt aux autres son hégémonie. Cette vi-talité touffue n’est pas pour faciliter le travail des historiens. Nous examinerons suc-cessivement la période médiévale ; le quinzième siècle ; l’épanouissement au début du scie siècle et Dürer ; Holbein ; la décadence aux mue et xvino siècles ; la renais-sance du xie siècle; les écoles contemporaines. PÉRIODE MÉDIÉVALE. MANUSCRITS ET PEINTURE MONUMENTALE. Les origines et les premiers progrès de l’art germanique demeurent enveloppés d’un mys-tère profond. L’ingénio-sité des érudits ne peut suppléer à la disparition des documents et les questions que nous sug-gérerait la curiosité ne reçoivent pas de réponse. Nous ne savons ni comment l’art naquit dans les pays où devait se constituer l’Allemagne, ni quels en furent les plus anciens foyers. Les influences qui présidèrent à ses premiers pas échappent à l’analyse. Les traditions antiques, les idées et les symboles chrétiens, le génie des races du nord, les infiltrations orientales et l’exemple des Byzantins ont certainement colla-boré à son éclosion, niais nous ne saurions dire en quelle mesure. Pendant cinq siècles, les manuscrits à minia-tures nous renseignent seuls sur les idées artis-tiques germaniques ; à partir du se siècle il s’y joint des fragments de peintures murales. Les manuscrits, jusqu’au douzième siècle, sont l’oeuvre exclusive des moines ; les plus riches étaient destinés à des princes, les autres étaient conservés dans les couvents. A certaines époques, ils comportent comme unique parure des lettres ornées ; à d’autres moments, des compositions couvrent des pages entiè-res: le Christ. les évangé-listes, des scènes sacrées, y sont représentés avec un art maladroit, rudi-mentaire parfois mais très souvent expressif. On classe les manus-crits par leurs dates et on les groupe en familles se-lon leur provenance. Ils soulignent l’influence civilisatrice de Charle-magne. A cette époque, la région du Rhin est pros-père. La civilisation ne s’étend guère à l’est au-delà de la Weser, elle présente les mêmes carac-tères essentiels sur les territoiresquel’Allemagne et la France se partage-ront plus tard. La restauration de l’Empire par Henri l’oise-leur donne une impul-sion nouvelle ; c’est la renaissance Othon ienne dont le principal centre fut l’abbaye de Reiche-nau sur le lac de Cons-tance et qui fut encou-ragée surtout par l’archevêque de Trèves, Egbert. Au sue siècle, les pays rhénans passent au second plan. L’Allemagne se différencie des pays de l’ouest, des écoles se créent ou se développent en Westphalie, en Saxe, dans le Sud ; l’influence byzantine s’accentue. Cette influence, prépon-dérante au sole siècle, cédera le pas,à la fin de ce siècle même, à l’autorité de l’école des minia-turistes parisiens, arrivée à son apogée sous saint Louis et qui impose à l’Allemagne le style gothique. En même temps, une révolution s’opère dans la confection et dans la destination des manuscrits. Ph. E Hermann. Ansée de Cologne. MAITRE WILHELM LA VIERGE A LA FLEUR DES POIS 243