L’ART ET LES ARTISTES Ph. E. Hermann. MAITRE INCONNU — Lx. LÉGENDE DE SAINTE. URSULE (DÉTAIL) Surtout ils ne semblent jamais complètement à leur aise ; ils ne parviennent pas à dire tout ce qu’ils voudraient; ils insistent, s’évertuent ou grimacent dans leurs moments les plus heureux d’expansion il demeure quelque trace de gène ou de gaucherie; on dirait qu’ils portent des vête-ments d’emprunt. Mais cette pensée, qui ne sort jamais complète-ment, offre le plus haut intérêt. Elle est multiple et féconde. Sensible au mouvement,àl’action. audrame,elles’ingénie en développements variés, tumultueux. véhéments, pourexpri-mer la vie. L’Alle-mand, qui parle avec peine, est préservé des dangers qui menacent le virtuose il ne se pro-duit pas pour se faire valoir, l’art ne lui appa-rait pas comme un jeu. Il se sert de la peinture pour traduire son âme, profond par-fois, toujours sincère. Il faut qu’il ait une vérité à proclamer il fait acte religieux, exalte la bourgeoisie laborieuse et puissante, combat pour l’idée na-tionale ou célèbre le culte de la vie. Sa pensée est complexe, elle ne se présente jamais sous forme d’idée pure, elle se sub-Cologne. divise et se contourne, s’enveloppe d’un réseau touffu de sentiments. Sentimental et chimérique. épris de fantastique, bercé par des rêveries vagues. l’Allemand essaye, par l’art le plus écrit, de fixer l’infini et l’insaisissable. L’Allemand dépense un effort âpre pour mai-triser la forme, il demande à la page peinte d’interpréter ses plus secrètes intentions ; il ne peut considérer l’art comme une chose de peu de prix. Il l’étudie avec une ardeur hardie et sagace. Les esthéti-ciens, les philosophes allemands ont affirmé, les premiers, l’impor-tance essentielle des phénomènes esthéti-ques et l’Europe, qui ignorait les peintres de l’Allemagne, s’est in-clinée devant l’autorité de ses théoriciens. Il n’est pas, d’autre part, de pays où les études d’histoirede l•artsoient poursuivies avec plus d’intensité et de mé-thode, où les publi-cations artistiques soient si nombreuses, si luxueuses, si répan-dues. Les Allemands pren-nent volontiers un air d’assurance, mais ils ont, en réalité, peu de confiance en eux-mêmes. Leurs pein-tres. selon les époques, Ph. Je, Hermann. Mus& de Cologne. MAITRE INCONNU — LE CHRIST EN CROIX (vers 1400) a40