ANTEPEN DI I AI DE SOEST LA PEINTURE ALLEMANDE PAR LÉON ROSENTHAL 1.1.F.MAG>E a joué, dans l’évolution de la peinture moderne, un rôle tout à fait secon-daire. Si les artistes de l’Italie et des Flandres n’avaient pas existé, l’histoire de l’art européen en eût été profondément modifiée ; la disparition de l’Allemagne aurait été à peine ressentie. Les peintres allemands ne nous instruisent guère que sur eux-mômes: ils nous révèlent, il est vrai, un des côtés les plus curieux et les plus riches de la pensée germanique. On ne les aborde pas sans difficulté. Ils ont des allures très particulières que les plus grands d’entre eux ont rarement dépouillées. Il faut se familia-riser avec les formes dont ils s’enveloppent ; l’idée ou le sentiment qu’ils expriment sont le plus souvent aussi d’intelligence malaisée. Près de ces maîtres laborieux nous éprouverons peu de joies spontanées, mais, si nous ne nous laissons pas rebuter, l’effort qu’ils nous coûteront recevra sa récompense certaine. Les Allemands qui ont peu donné ont, en revanche, beaucoup reçu. Depuis les époques les plus lointaines, ils ont demandé aux autres peuples les éléments de leur vocabulaire. Ils ont pris de toutes mains à Rome, à Byzance, à l’Orient, aux Flandres, à l’Italie, à la France. Il semble que, réduits à leurs propres forces, ils n’auraient pas trouvé de langage pour s’ex-primer. Ils manifestent pourtant, dans l’adaptation des éléments étrangers, quelques tendances persis-tantes. Ils ont, de tout temps. eu une prédilection pour « le tissage des fils enchevêtrés, la complica-tion de noeuds inextricables, la combinaison de lignes ondulées, tournoyantes, répétées à l’infini n. Ils ont un sentiment de la forme qui nous parait lourd. barbare, inélégant, ce qui veut dire qu’ils ne conçoivent pas la beauté comme les peuples de race ou de culture gréco-latine. La couleur, ils l’aiment violente et fortement contrastée et, par là encore, ils choquent notre besoin de transitions et de nuances. Ils usent, d’ailleurs, de la couleur comme à regret et ne lui attribuent presque toujours qu’une signification subordonnée. .4t