L’ART ET LES ARTISTES d’artistes, et de grands artistes, pour que les salles de l’ex-position qui ouvrira ses portes sur les rives du Tibre, ren-ffirment quelques beautés et, peut-être, quelque révélation. Les lecteurs de L’Art et les Arlisles connaissent les dis-cussions nés vives qui ses ont élevées é l’occasion du pro-gramme de l’Exposition d, Rome, parmi les artistes français. Les artistes italiens, de leur côté, ont élevé leur voix contre les différentes décisions du comité organisateur romain. Ils ont protesté contre le principe d’un jury unique imposé tous les artistes; pue la décision de ne réserver à l’usant du jure que les oeuvres des artistes non invités. Une centaine d’artistes seulement avant été invités, le mécontentement gronde dans la péninshle. Le comité romain a décidé aussi de ne pas subdiviser son jury en groupes régionaux, désignés pour l’appréciation supréane des oeuvres envoyées par les artistes d’une inertie région. On ne verra paX, comme à Venise, les salles toscane, napolitaine, vénitienne, etc., sépar nettement dans l’esprit du visiteur cette unité italienne,er plus voulue, du reste, que réelle, vers laquelle s’efforce, depuis cinquante ans, l’Italie officielle. Lev omité rin entend offrir au public le spectacle idéal de la péninsuleoma unifiée. Et quoique une Italie politiquement fédérée, et non unifiée, répondrait mieux. à l’appel profond de la psychologie de l’histoire et des moeurs de ses régions si diverses de culture, d’esprit et de volonté, il faut reconnaître que, en art, il n’existe aujour-d’hui point de divisions régionales dans toute la péninsule. L’art contemporain, ainsi que la littérature et le théatre, n’a, en Italie, des caractères bien définis. Il n’y a pas d’art » italien ri contemporain. Toutes les tendances étran-gères — et, en particulier, françaises — résument les consciences inquiètes qui cherchent, au delà des Alpes, leur expression adéquate à la vie moderne et esthetiquenffint, satisfaisante. Cézanne ou… Doecklin impressionnent les rves des jeunes hommes à Florence aussi bien qu’à Turin ou à Naples. A ce point de vue, il est évident que le comité romain a raison de voulait présenter à ses visiteurs un spectacle d’art unitaire, en attendant l’unité d’un art national encore à venir. Si les artistes régionaux v réfléchissaient, ils ne garderaient point rancune à un comité si intelligem-ment prudent. Je ne parlerai pas aujourd’hui du réve et de l’oeuvre de M. Andreotti. M. Gabriel Mourev vient de k faire, dans l’Art el les Arlish’s, magistraleme-nt. Je veux me borner à signaler son envoi à Ronce. C’est un bronze r Le Miracle. Une forte volonté esthétique a élevé cette niasse incomplète », ce tronc d’athlete décapité, qui tend, en un suprème effort, ses bras vigoureux et vains au ciel. Les mains moribondes a la puissance agonisante, se rejoignent au-dessus de la tète disparue, comme pour composer encore, plastiquement, au sommet de la tige humaine, la fleur, la tète. Et l’élan des muscles, bondissant hors de l’élégante et maigre cuirasse du ventre athlétique, bref et palpitant comme celui des fauves, tend, en petites ondes, vers le sommet disparu, vers le sommet que les mains jointes en prière recomposent au plus haut point qu’elles peuvent atteindre. C’est tt le Miracle 0. D’une manière idéologique et pope. ‘aire, le miracle est dans le geste désespéré et précis de l’homme décapité. D’une manière toute esthétique, le iracle est dans le réalisation plastique d’une statue sans témte, qui vit si copieusement, avec tant de netteté et d’exu-bérance, la vie de ses muscles que la tète n’entre plus en ligne de compte de l’émotion statuaire. Certes, M. Andreotti vient après Rodin, après d’autres. Mais l’évocation totale de l’étre humain, obtenue par la représentation synthétique d’une partie essentielle ut expresive, est un rêve qui marque, de nos jours, une étape des l’art. Et la statue déca-pitée, qui nous communique une émotion si violente et si neuve que nous ne cherchons pas la mémo, que nous n’analysons pas le problème esthétique imposé par le sculpteur, a ainsi une signification toute particuliére. Les critiques journalistes s’en apercevront-ils ? RICCIOTTO CANUIDO. ORIENT GRÈCE. — CORFOU. — Le peintre Auge — en 1909, lors de mon dernier voyage en Grèce, que le talent nie fut révélé du peintre grec Ange Giallinà. Sous la conduite du Président de la Société des Artistes Hellènes, — le peintre Paul hlathiopoulo, — ie visitais les salles du Zappion où se tient, annuellement, l’exposition de peinture, lorsque mes yeux furent attirés parune aquarelle d’intense Uce poésie et de beauté parfaite. uvre, de grandes dimen-ions pour ce genre de peinture, s’intitulait Le Refont. du 7’reripea”. Elle vaut, certes, la peine d’étre décrite. Aux derniers rayons d’ou soleil couchant, moutons et brebis rentrent à l’étable. Un chien les précède, le berger les suit. Et dans cette lutte du soir bleuté qui descend et du crépuscule rouge qui s’efface, les bites défilent avant déjà le bas du corps dans de claires ténèbres lorsque la toison de leur dos su colore des feus mourants du jour. Et les arbres et la campagne, et les collines et les ms revétent les teintes des ombres qui naissent et de la huniontere qui meurt, d’une lumière orange or pourpre, toute pareille à la brunie écarlate quo rose, en un limpide soir, une fin d’incendie. L’oeuvre sollicitait d’autant plus l’attention qu’aucune note criarde — comme il aive souvent dans les u effets de cré-puscule » — ne s’élevarrit de cette symphonie de couleurs où les mnbres et les rayons, en une union intime, chantaient la transparence des merveilleuses tombées du jour de l’Attique. Je ne manquai pas, à mon retour en France, de présenter aux Parisiens cet artiste universellement connu en Europe et que nous étions encore à ignorer. J’eus la grande chance de faire reproduire, en janvier 191o, dans le numéro spécial sur Athènes, que publia de moi le Elgar,’ Illustré, deus aqua-rellesoriginales inédites du peintre belléne une Vue de l’Acropole et le Kérandkau. Traitées, toutes les deux, de très largemaniere, elles dénotent, toutefois, chez l’artiste, un fond de désillusion, sinon de pessimisme. Cotte campagne aride qui s’étend à perte de vue jusqu’à la mer, et oit l’on n’aperçoit que des moutons qui paissent, revét d’une mélancolie profonde la solitude faite autour du roc sacre que domine le Parthénon. Ces mutées lourdes d’orage s’abattant sur le Kéramikon, ces tourbillons de poussiire soulevés autour des monuments de l’antique nécropole augmentente ncoffi la désolation de la ville des morts et semblent ajouter de nouvelles ruines aux ruines du passé. Et lorsque, après avoir admiré ces oeuvres et celles qui ont noms l’Exechirifiirr, le Temple de Thésée, Vue orientale du 283