L’ART ET LES ARTISTES l’apparente aux artistes du xvur siècle, pensant à la liberté charmante et légère de son pinceau et de sa plume, mais ce n’est pas nous l’enlever, car ce qu’il y avait de meilleur dans l’esprit français du xvtu’ siècle est demeuré malgré tout intact à notre époque, malgré le poids de tant d’autres préoccu-pations. Sinon d’ailleurs comment expliquer le succés de cet homme indifférent à la gloire et n’ayant jamais consenti à une démarche d’arri-visme, alors que tant d’autres ne songent qu’à l’ar-gent et à la réputation? Il fallait bien qu’il y eut là une corrélation intime, et de fait, Willette exprime admirablement notre âme : il est galant et amoureux, mais tendre et facilement ému, il est batailleur et même frondeur, niais pour (les motifs de justice, jamais par mauvais caractère, il est libre, profondément, niais il lui suffit de le rester par le sourire et il abandonnera facilement les autres libertés. Il est plein de gaîté, de grâce, de politesse. Tout ce qu’il touche devient clair et lucide. Il est remarquable que son oeuvre fourmille de symboles et d’allégories; elle n’est pourtant jamais obscure. Magicien tranquille, il ne se donne même pas la peine de trouver des expressions nouvelles à ses symboles et à ses allégories. Seulement, la grâce du trait transfigure tout, rajeunit, renouvelle tout. Lorsqu’il veut, il peint délicieusement, sans perdre une seule de ses qualités d’illustrateur. C’est un pur artiste, et un des meilleurs, des plus représen-tatifs d’aujourd’hui. On a voulu, on veut encore parfois le cantonner à Montmartre. C’est une brute de jugement. Il y a bien longtemps que Villette a dépassé Montmartre. Il l’a dépassé comme Legrand, corniste Steinlen, comme Henri Rivière. Willette est bien à nous; il est sensible et spirituel comme un personnage de la Révolution : (le libéralisme ardent, de manières exquises, de coeur tendre et malgré tout aristocrate. EXPOSITION ANDRE:WILDER (Galerie Moglia et O., 18, rue Caumartin). – Fils un peu de Sisley et de Guillaumin, en tous cas parent très proche, M. André Wilder perpétue la tradition impression-niste et c’est une joie de constater combien peu sur lui ont eu de prise les désastreuses théories qu’on a tirées des oeuvres de Cézanne. Il ne cherche pas à styliser des paysages qui ont en eux-mêmes un style admirable et qu’il suffit, non pas de copier, mais de rendre ; il se contente donc de s’installer devant ces paysages Ile-de-France, rives de la Meuse, vues de Paris, ile de Chausey, et il attend que l’émotion qui en émane l’ait touché. Alors il les peint. Si son émotion use semble parfois, trop violente, dépasser ce qu’elle devrait être pour s’har-moniser en perfection avec les éléments du paysage, du moins c’est une émotion et, en l’exprimant par la couleur, M. Wilder fait-il preuve de personna-lité. Ainsi ses oeuvres qui ne sont pas des transpo-sitions, ne sont jamais non plus des copies. Et leur intensité (qui parfois s’adoucit en charme comme dans les charmants tableaux qu’il consacre à l’île de Chausey) produit des effets extrêmement déco-ratifs. J’imaginerais volontiers M. Wilder peignant ses paysages en vitraux. OxemèuE EXPOSITION DE r, LES ARTS REUNIS (Galeries Georges Petit, S, rue de Se;.-e). – Des neuf toiles qu’y expose M. Fernand Maillaud, aucune n’est négligeable. Cet artiste me semble avec elles en grand progrès sur ses précédentes oeuvres. Il n’a point changé le motif de son inspiration toujours son cher I3erry. Mais, à en approfondir l’examen, il y a découvert comme des sources nouvelles d’émotion. On ne saurait mettre plus de poésie mélancolique et de charme poignant dans la des-cription d’une lande, d’un crépuscule, d’un repli de terrain, d’un ciel. De moins en moins d’anec-dote et de plus en plus de nature. Puis, sa usurière s’est resserrée, en même temps que son inspiration se concentrait. Elle est devenue dense et brillante, elle durera. A part cela, bien peu de choses à citer dans cette exposition, sinon, bien entendu, les lieurs et les parcs de M. Eugène Chigot ; les dessins savants et curieux de M. Pierre-Ensile Cornillier (des nus, des études, des intimités ravissantes); les impal-pables et rutilants bijoux de M. Eugène Feuillâtre, les bric-à-brac savoureux de M. Frédéric Lands, les fleurs, toujours belles, de M. Gaston Lecreux, les statuettes si vivantes et si spirituelles de ce sculpteur de talent qui s’appelle François Sicard et à qui l’on a confié la glorification de notre grand naturaliste, Henry Fabre. Une mention toute spé-ciale pour la vitrine de tx1^“’ Gaston Lecreux : un arum y fait la plus gracieuse sonnette de bronze qu’on puisse imaginer et une série d’entrées de serrures et leurs clefs sont de parfaites petites choses décoratives. HOITIblE SALON DE L’ECOLE FRANÇAISE (Grainé Palais des Champs-Elysées. — Citons les noms de M. Charles Peyrard (Paysages bretons), Paul de Plument, le distingué président du Comité (Le Soir de la Vie, panneau symbolique); Hodebert, Eugène et Alexis Delahogue, Chaigneau, Chuzin, Wilhems, des Fontaines, Oudard, etc., etc. Exposent»; Ri BOT (Galeries Bernheint Lerma C », j, rue Richepancc). — On a pu ne pas aimer cette peinture, surtout à cause de l’époque où elle fut 277