L’ART ET LES ARTISTES frères, son fils et son neveu »; elle aurait pu dis-tinguer des autres peintres du même nom, ses frères, MatthYs et Willem, tous deux des person-nalités éminentes, quoique d’expressions très di-verses. Et lorsque cet auteur cite Verlaine, les vers célèbres du e doux poète» s’appliquent bien plus à MatthSis qu’à Jacob Maris, qui, lui, as-ait un oeil admirable, dont l’oeuvre est tout entier de vérité et de clarté, qui pouvait dire comme Tb. Gautier Je suis un homme pour qui le inonde visible existe ! » J’ai longuement étudié Jacob Maris dans Les Lettres el les Arts (1899) et dans La Gu eue des Beaux-Arts (19oti). Et c’est bien plutét aussi de veut en exprimer l’essence, la Beauté impalpable et subtile, l’âme ménie… Cet artiste délicat, sensitif, très raffiné et très haut, est né en 1839. Ses oeuvres de jeunesse, d’une facture, d’un dessin parfait déjà à l’âge de dix-huit ans, semblent de quelque Primitif inconnu. Le peintre Mesdag possède plusieurs de ses toiles et a une superbe étude de Pte de Bélier, d’une pâte riche, d’une touche décidée et large, comme un Rembrandt, toile que le célèbre mariniste considère comme un des plus rares joyaux de sa collection. Nous avons vu, de ce même Maris, une nature morte, peinte à dix-sept ans, semblable à un van LE BAPTÊME A LAUSANNE (1875) (D’APRÉS UNE. Eus-FORTE Lue PH. MI.C.:N) Mathieu Maris que le peintre anglais qu’elle cite aurait pu dire qu’il peint e avec de la mousseline sur les yeux. Mais cette expression est malheu-reusement appliquée à ces artistes, quel que soit celui qu’elle concerne. Car, si Thys Maris a débuté par des oeuvres précises et serrées de dessin, si sa peinture, d’un fini absolu au début, a évolué, s’il a si mis du vague â sur ses toiles, comme Mallarmé en mettait dans ses vers, c’est que l’âme et le senti-ment ont prédominé chez lui. Car, ce côté vague est absolument voulu chez MatthYs Maris, artiste opiniâtre, réfléchi, penseur profond, qui ne s’arrête pas à la surface des choses et des étres, mais qui der Helst ou un Kalf. Puis viennent ses tableaux â de genre mélanges de rêverie et de réalité, â Marguerite », » Perdita n du Songe d’une Nuit d Eté, enfants frêles et tendres, au regard profond et pénétrant, errant dans des paysages intimes, aux fonds embrumés, aux branchages entremêlés, d’un dessin personnel, toujours reconnaissables ; parfois aussi ce sont d’énigmatiques Princesses Maleine ou de gracieuses Mélisande. Un charme indéfini se dégage de ces oeuvres qui suggèrent de parfaits poèmes. La peinture de ces toiles est serrée, d’un achevé qui rappelle parfois Holbein et qui, par conséquent, 267