L’ART ET LES ARTISTES nous en avait déjà montré qui étaient presque pareilles. Eve et Roxane, voluptueuses et sensuelles, sainte Catherine de Sienne, si pure et si grande, ont la même tendresse ardente pour aimer des dieux différents. .** Nous possédons encore, de l’ceuvre considérable du Sodoma, environ 125 fresques et tableaux, une vingtaine de dessins. C’est un mélange curieux de merveilles qui le placent parmi les plus grands artistes de la Renaissance italienne, et de travaux sinon médiocres, du moins secondaires qui ne sont point dignes du peintre de sainte Catherine. Je n’ai pas pu commenter, dans les limites étroites de cet article, toutes les grandes et belles choses que le maitre nous a laissées : le Caracola de Florence, par exemple, le Christ à la Colonne, le Saint Victor et le Saint Ansanns de Sienne, les Lucrèce de Turin et de Hambourg. Je n’ai peut-être point assez insisté sur le charme véritable de ses petits tableaux d’autel, de ses tendres et timides madones qui s’effacent devant la grandeur de l’Enfant Dieu. Et je n’ai même pas parlé de quelques grandes machines telles que la Déposition et l’Adoration de Sienne, oeuvres fort admirées en leur temps, mais qui nous laissent aujourd’hui assez froids. En vérité, dans celles mêmes de ses créations qui sont les moins heureuses, on retrouve la main libre, habile, ardente, caressante et forte des grands chefs-d’oeuvre; on retrouve ces beaux corps souples et vivants, aux chairs frissonnantes. Toutefois, ce sont les chefs-d’œuvre seuls qui importent. La grandeur du Sodoma est d’avoir prononcé quelques paroles profondes. Il nous a dévoilé, avec une incomparable puissance, une part du coeur humain, troublante entre toutes, celle où l’amour le plus voluptueux et le plus sen-suel se mêle insensiblement à la pure expression de l’autour sacré. L. D’Our 1:EVANOLI DESSIN 252