L’ART DÉCORATIF Pa. Rosoann. V ESI M I, EN 1,011à1 I I, Caro-Delvaille dépouille la femme de tous ses voiler. de tous ses vétements. il la montre alanguie dans les après-midi, attardée devant sa propre beauté, presque toujours nue, naturellement nue, et laissant glisser la dernière écharpe dans une parfaite simplicité. comme Agnès. sans penser à mal, parce que sa fonction est d’étre belle. Il montre en elle non pas la créature que l’on voit dans certaines gravures, j’allais dire gravelures, avec des réticences. des pudeurs et des dissimu-lations qui soulignent l’obscénité des gestes et des sous – entendus, mais la sœur de ces femmes grecques qui portent une amphore ou se dévètent dans les mystères sacrés, pour honorer la divinité dont la statue se dresse dans le temple. Et de la sorte, il compose un hommage à Primas era ou à la maternité, à la jeunesse frêle ou à la forme épanouie; il le compose avec assez de soin pour atteindre au grand style, en restant assez près de la nature pour que son œuvre rappelle ces simples octaves. populaires et champêtres que les apprentis du Ponte Vecchio ou les paysans du Mercato Nuovo, entonnaient dans les raies de Florence, en l’honneur de la beauté féminine: 0 blanc visage, — Là où vous passez — Le vent s’arrête, —Toutes les étoiles vous font des caresses. 85 — Vous étes la belle rose du jardin. — O fleur d’oranger cueillie au Paradis ! — Feuille de l’olivier au feuillage si beau, — Vos beautés vont en France. Vous êtes plus claire que l’eau de la source, • — plus douce que la malvoisie. — Belle. chère belle, qui a fait vos yeux ? — Qui les a faits si amoureux ? — Blanche comme la neige des montagnes, —O rose venue de Naples. — Tu as passé par Rome, — Les roses blanches sur ton cœur, — Les roses vermeilles à ton visage. — Pourquoi t’appelle-t-on Napolitaine ? Toi, née à Florence. —- baptisée à une claire fontaine. Et aussi, cette hymne qui rassemble dans une gerbe les grâces subtiles de la fiancée : — Belle, qui étes née au Paradis, — J’allais cherchant à cueillir une fleur. — Vous en avez de si belles sur votre face blanche. — Elles sont blanches et rouges et de toutes couleurs, — vous avez tant de fleurs en vos tresses blondes —Qu’elles semblent un jardin de roses fraiches, — Et j’en vois de si belles en vos mains blanches —Qu’elles semblent un jardin de grenades. Si de vieux Silènes, de jeunes bergers se penchent parfois, dans les tableaux de Caro-Delvaille, vers les femmes et. renouvelant les gestes des pâtres