L’ART ET LES ARTISTES Ph. NII ICI. 1,1 NI 11,1,11 Rounr, et qui lui a inspiré une des pages les plus parfaites qu’il ait signées, Mn. Henri Fouquier —pourquoi ne pas la nommer ? — de cela Ricard était bien incapable. C’était, d’ailleurs, l’erre le plus exquis et le plus délicat du monde, avec les manières les plus douces, la courtoisie la plus raffinée. une élégance de geste, de parole, incomparable. Et la charmante, prenante voix qu’il avait, sans aucune intonation méridionale, mais chaude cependant et toujours si juste, si vraie d’accent, si sincère Sa séduction était irrésistible. n Puis, après une pause «Je l’ai beaucoup connu. reprend Mme Henri Fouquier, j’ai connu tousses amis; nous vivions dans le même monde je ne crois pas qu’aucun de ceux qui l’approchaient ne l’ait aimé. Il était toujours simple et cordial. Il menait la vie d’un moine… Je me rappelle fort bien son atelier de la rue Duperré ; un débutant d’aujourd’hui est plus somptueusement installé qu’il ne l’était… je revois le petit escalier par’ Ù il accédait à sa chambre, les murailles presque nues… Mais il était là, le cher grand artiste. avec sa haute stature, son air aristocratique. «On aurait dit un jeune patricien de Venise n a écrit de lui Charles Yriarte; rien de plus exact. De ce portrait, rapprochez celui que Louis Enault a tracé de Ricard Ph. or. », «Grand,mince. élancé.suprèmementdistingué, chauve avant l’âge, les lèvres fines effleurées par un sourire rêveur, l’ceil un peu vague et regardant plus loin, Ricard, physionomie singulièrement originale, testait tout à la fois du moine et de l’artiste ; il y avait en lui, par un mélange aussi heureux qu’inattendu, la gaieté parfois un peu railleuse d’un artiste et les profondeurs tant soit peu mystiques d’un illuminé. » Rappelez-vous encore certains traits de caractère que rapporte Paul de Musset du portraitiste de Mn. l-lenri Fouquier « A mesure qu’il avance dans la vie, il se spiritualise de plus en plus et ne sait absolument plus rien de ce qui se passe dans le domaine des faits: la politique, le mouvement des arts, le choc des idées, les polémiques ou les scandales et les vives compétitions des passions ou des appétits des humains lui échappent et ne sau-raient l’intéresser. e Et ailleurs : « Fidèle à ses affections, indulgent pour les autres, sévère pour Ricard était bon et capable de grand dévouement ; il était si généreux que son argent ne lui appartenait pour ainsi dire point. Lorsqu’on écrira l’histoire des arts au xnxo siècle, Ricard y occupera son rang. niais si l’on faisait une galerie 68 1’1 UDE ne •N FILLE