L’ART ET LES ARTISTES Alusëe Lou., HANS HOLBEIN — PORTRAIT 17.1,11ASNIE bruyante et lourde les nobles architectures. Marcos Curtius et Bacchus intervenaient par ailleurs. Charlemagne trônait solennel, majestueusement paré des ornements impériaux. Cornier les verrières et les façades peintes, ont disparu encore les fresques exécutées dans la salle du grand Conseil de l’Hôtel de Ville de Bâle. au Guidhall des marchands de Londres, au palais de Whitehall. Quelques dessins d’Holbein lui-menu, des croquis et des réductions peintes exécutées par des admirateurs plus ou moins habiles, sont encore ici de curieux et d’insuffisants témoins. Dans la salle du grand Conseil de Bâle, I lolbein avait exécuté un docte et édifiant programme. Valentinien III et Sapor. Charondas. Zaleucus de Locres, Curtius Dentatus V rappelaient l’incons-tance de la fortune, le respect des lois, le courage et le dévouement civiques. Des figures allégoriques de la Justice, de la Tempérance, de la Sagesse s’offraient aux méditations. Ces thèmes prétentieux dans lesquels s’était évertuée l’érudition pédan-tesque des humanistes, on ne saurait imaginer de quelle façon primesautière. cavalière, avec quel sans-gène archéologique, avec quelle puissance de vitalité, Holbein les avait développés ou travestis. Sapor était devenu un chef de reîtres défilant 54 devant des maisons germaniques aux lourds contreforts. Les Samnites dont Curtius Dentatus repoussait les présents avaient des armures les plus imprévues. Il n’est pas jusqu’à la Justice dont le costume étrange et savoureux ne fi:a inspiré par les élégances bâloises. A cette décoration peinte de rSar à r 523. Holbein. en I53o, avait ajouté deux grandes fresques dont les ordonnances pittoresques se répondaient par contraste. La première groupait avec symétrie les conseillers de Roboam aux pieds de leur roi menaçant. l’autre, plus pittoresque, montrait le prophète Daniel maudissant Saül victorieux. Pour les marchands de Londres, Holbein avait repris le thème traditionnel des Triom-phes et il avait opposé à un Triomphe de la Richesse escortée de toutes les vertus, un Triomphe plaisant de la Pauvreté. Dans un ordre tout à fait différent, il avait, en i 537, sur la paroi d’une salle du palais de Whitehall, groupé selon l’ordonnance la plus majestueuse, la plus monumentale et la plus si ni ple,les portraits en pied de Henry VIII etdeJaneSeyrnouraccom pagnés de Henry VII et d’Élisabeth d’York. De si considérables travaux presque rien ne subsiste. Seuls les camaïeux dont Holbein avait revêtu les volets de l’orgue de la cathédrale de Bâle ont échappé à la ruine, encore sont-ils en un état tel qu’il faut consulter les esquisses pour en admirer la puis-sance et l’ingéniosité. Au surplus, sachons nous consoler de la dispari-tion d’oeuvres dont aucune, peut-ètre, n’aurait été capable d’entraîner une unanime adhésion. Il suffit pour assurer son nom et perpétuer sa gloire qu’il ait fait pour le bois, des dessins merveilleux, et. surtout, qu’il ait été un des plus beaux portraitistes que compte l’époque moderne. Un portrait de Holbein est une œuvre pleine, ample et grave. Il s’impose à nous par des mérites que nous subissons sans les analyser nous n’y trouvons pas un charme de couleur. une présen-tation imprévue, une originalité de technique; pas davantage nous n’avons l’impression d’une lutte de l’artiste pour pénétrer l’âme de son modèle, d’une puissance ou d’une subtilité extraordinaires d’interprétation. Il nous semble que le portait est ainsi parce qu’il ne pourrait pas etre autrement. il est l’expression adéquate du personnage c’est le personnage même que nous avons sous les yeux et nous sentons qu’il nous est familier, nous le connaissons depuis longtemps. C’est à la réflexion seulement. que nous mesurons combien l’art doit