LA PEINTURE AL )1 LES PEINTRES D’AUGSBOURG• — HOLBEIN. DBVELOPPEMENT OU PAYSAGE. ous avons vu les petits maîtres, issus de l’atelier M I NI de Dürer, amenés à l’étude de l’Italie et de l’an-tiquité. Ils ont subi un mouvement qu’ils n’avaient pas créé. Avant eux Augsbourg, ville riche de banquiers et de marchands, trait d’union écono-mique entre l’Allemagne et l’Italie, a été le grand foyer d’élaboration de l’influence italienne. Hans Burgkmair (1473-1531) et Hans Holbein, le vieux (mort en 152o), qui débutent, tous les deux, par des oeuvres complexes et tendues inspirées par le seul génie du nord, marchent par une évolution sem-blable vers un style plus simple et plus rythmique. La gesticulation s’apaise, lesdraperies se sim plifient, les types des personnages deviennent moins accen-tués et plus suaves. Les architectures cessent. après 1505, d’ètre gothiques pour affecter les formes de la Renaissance. L’écriture est moins soulignée, moins implacable. Le coloris, plus chaud, plus subtil, vise à une harmonie unique. Mais, dans cette détente, le goût de l’individuel, le détail familier, l’amour de la nature, le luxe des paysages, attestent la persis-tance du génie national. Burgkmair, quand il représente l’Empereur Constantin et saint Sébastien (1505) (Musée de Nuremberg). place ses personnages dans un palais d’une ordonnance classique et sobre, mais il ouvre une perspective sur un paysage accidenté où se profile, près d’un lac, une ville dont les fortifications et les maisons sont toutes germaniques. L’empe-reur et le saint, malgré la suavité du modelé et la dignité des attitudes ont, dans leur costume, dans leur physionomie, dans leur allure, un je ne sais quoi d’étrange où se décèle le génie du nord. De même, une Vierge arec l’enfant, de 1509, trône sur un siège de marbre travaillé selon le style de la Renaissance et de Venise, mais la végétation du paysage touffu, surchargé, envahit le premier plan, dispute la place à la Vierge même, et l’enfant Jésus avec ses jambes arquées, son visage sans beauté, est peint avec une simplicité, une bonne foi tudesques. Enfin, quand Burgkmair. à la fin de sa carrière. se peint avec sa fem me, en 1529, dans une page magis-trale, c’est la bourgeoisie allemande qu’il exalte et le jeu cruel d’un miroir qui renvoie au couple encore vigoureux l’image de deux tètes de mort, clame la hantise persistante d’idées de renoncement et de pénitence. Burgkmair, fécond dessinateur, a beaucoup travaillé pour l’empereur Maximilien, qui eut des goûts de mécène, mais fut constamment entravé TALLS • ERAI I•LVSTRIS • °L’hl. OVASi• OVIr KêVE• DERACTi AKTEVELT liiKt3NIK • PICT; • TeELL -1 • TENET • ,,,i ^IC. PALDVI)IG1’5 ALTEK PELLES •V1UVU • C i • ME • VIDERIT• E^rE DVTET • NA. Uruckmarm. Musée dc r,neic HANS BALDUNG — PORTRAIT D’HOAIME par le manque d’argent et dont l’action se borna, en somme, au développement de la gravure sur bois. Chez Holbein le vieux, la transformation ita-lienne se fit assez tardivement, elle maîtrisa un tempérament qui paraissait plutôt né pour les fortes caractéristiques et les gesticulations sans mesure. L’artiste assouplit sa manière, disciplina son ima-gination et adopta le rythme méridional ; mais la métamorphose ne fut pas complète. Dans les volets de l’autel de Saint-Sébastien (1515) où il a, plus que nulle part ailleurs, sacrifié au goùt nouveau, une sainte Barbe et une sainte Éli-sabeth ont une élégance, une souplesse, une aisance parfaites, mais les gueux qui assiègent sainte Elisabeth trahissent la survivance des prédilections premières et le Martyr de saint Sébastien, malgré la touche amollie, garde un accent àpre de terroir. Bernard Strigel de Mem mingen (1461, 528), influencé par Zeitblom, doit, sans doute, aux leçons transalpines un maniement plus aban-donné du pinceau. Il garde intacte la bonhommie tudesque. Peintre favori de l’empereur Maximilien, il nous retient par les portraits de familles, qu’il groupe avec une naïveté, une vérité et un bonheur rares. Conrad Rehlinger et ses enfants (1517), La famille Cuspinian (152o), Maximilien et ses fils, 7’roisième article de La Peinture allemande »