LE MOUVEMENT AIMSTIQUE A L’ETRANGER de Séville, de paysans et paysalIlleS Guadix. Tous les critiques, et plus particulièrement ceux qui, en leur qualité d’Andalous, pouvaient le mieux apprécier la vérité un ont salué en M. Morerod l’un des plus scrupuleux et profonds observateurs de la réalité espagnole, non seulement parmi les artistes étrangers, mais parmi les espagnols eux-théines, bien que ou plutôt justement parce qu’ils ‘écarte des idées reçues quant é représentation pittoresque de l’Espagne, trop souvent superficielle et conventionnelle. Ils se félicitent et s’étonnent en mente temps de trouver chez un peintre d’une autre nationalité et d’une autre race, plusencore que l’exacte perception des caractères extérieurs une véritable intuition de la psychologie interne de ses modèles, traduite avec une intensité d’expression, surtout dans le regard, que sert la puissante sobriété de la facture. Cette exposition a produit une impression non moins vive dans lescercles artistiques que dans le grand public de Madrid et a valu à /lorerod d’eu e naturalisé d’office Espagnol — artistiquement parlant — par la critique. A la galerie Vilches, deux des plus réputés humoristes espagnols, Sancha et Médina Véra, espacent une série d’œuvres attrayantes quoique inférieures peut-être é celles qu’ils y avaient présentées Fan dernier. Chez le premier, les réminiscences de son séjour à Paris, les influences françaises restent toujours sensibles et s’il leur doitune amusante prestesse de silhottettiste, il y perd de l’originalité dans sa manière comme dans le choix de ses types, plus cosmopo-lites qu’espagnols. Médina Véra montre un talent correct dans ses ligures de Murcie comme dans ses scènes madri-lènes ou tauromachiques; mais son coloris est plus agréable en général dans les aquarelles que dans les peintures à l’huile. A la galerie Lacoste, nouvellement inaugurée, on remarque une belle tète féminine de Ronffiro de Torres, deux inté-ressantes vues de Tolède de Beruete, et une Gitane de Villegas. En fait de peinture ancienne, la mode étant aux identifi-cations depuis celle de la prétendue Joconde originale du Prado, un critique, M. Balsa de la Véga, dit avoir découvert un nouveau Vélazquez le portrait de Léonor de Guzman, sœur du fameux comte-duc d’Olivares et femme du comte de Momeries-, ambassadeur d’Espagne a Rome, qui accueillit cordialement Vélazquez durant son séjour dans cette ville. La comtesse est représentes,. en robe de velours noir, la main droite tenant tut éventail, la gauche appuyée sur le dossier d’un fauteuil. M. de la Véga révèle dans la facture l’influence du Tintoret et dans la Composition des analogies avec les portraits de la Reine de I longrie, de la Reine Marie-Anne d’Autriche et de l’épouse de Diego de Corral qui figurent au Prado. Le tableau attrait appartenu SUCCCbSiVe-ment au duc d’Olivares, à José Madrazo, puis à la collection Salffinanca et il en serait fait mention dans la biographie de Velazquez par Cruzada Vin:1111ff Mais jusqu’ici, son au-thenticité ne parait pas aussi nettement établie que celle du Vélazquez de Parme, dont l’éminent critique M. de Beruete vient de consacrer la réhabilitation comme nal véritable du portrait de Philippe IV, en dépouillant deorigi ce titre usurpé la copie de la Dulnich Gallery. La vente d’objets d’art, appartenant surtout aux trésors des églises, continue de préoccuper l’opinion et les pouvoirs publics. L’ancien istre et collectionneur connu, M. Osma, dénoncé à la Chaminmbre celle du fameux coffret d’ivoire sculpté arabe de la cathédrale de Zamora, datant, cocotte en témoigne une inscription, de l’an 93 3, sous le règne du roi Maure Alhaquen II, et seul spécimen de cette époque exis-tant en Espagne, car les trois autres qu’on en connaissait ont été exportés naguère. M. Salvador, ministre des Beaux-Arts a répondu co ontestant que le Chapitre de Zamora ein le droit d’aliéner ce joyau historique, bien qu’il air préalablement obtenu l’autorisation du Pape et fait des offres de vente à l’Etat qui n’y donna pas suite. Heureuse-ment, l’acquéreur du coffret, un antiquaire de Madrid, M. Lafora, l’a spontanément mis à la disposition du gouver-nement, ainsi qu’un autre de mCme provenance et du eut siècle, de style persan et orné de versets coeaniques, moyennant le remboursement du prix d’achat, que l’Eue se réserve de réclamer au Chapitre s’il est convaincu d’avoir outrepassé ses droits, et ce chef-d’œuvre de l’art musulman, transformé depuis en reliquaire, figurera désormais au Musée archéologique de Madrid. J. CACSSE. ITALIE TliES trois grandes expositions italiennes de cette année, celle de Florence a été la première à OUVIir ses portes. C’est une exposition rétrospective du Portrait italien. Le jour de l’inauguration, ce 1 1 mars, ne marque donc pas une date probable pour l’histoire de la peinture. Mais l’intérêt et l’importance de la n inostra n, qu’on a accusée de servir surtout à des antiquaires désireux de faire monter les valeurs de la peinture baroque, l’ensemble des œuvres et des chefs-d’œuvre que l’on a pu réunir, peut avoir sans doute et aura une signification particulière de culture et d’inspirations, semblable é celle de l’incomparable exposition des Primitifs français, au Pavillon de Alarsan. La rétrospective de Florence est consacrée aux peintres italiens du portrait post-Renaissance. Des raisons diverses ont forcé les organisateurs à ne reculer que jusqu’à la lin du siècle l’horizon de la création portraitiste. On ne voit donc pas l’innombrable merveille de la stylisation humaine que les Primitifs nous ont laissée. On ne voit pas, par les signes tangibles, précis et violents de l’œuvre d’art, 9, le singulier processus psychologique d’amoindrissement, de diminution inéluctable de la vision et de l’expression, qui cactérise l’évolution de la peinture depuis Giotto jusqu’au Garuido, en passant à travers Antonello de Messine, Léonard, Raphaél. Giotto fut le premier génie libre de la peinture occidentale que la volonté de l’expérience, plus forte que l’expérience de l’expression, forçait à synthétiser la vision qu’il voulait représenter jusqu’à n’en retenir que le contenu le plus essentiel, la substance la plus profonde, la parcelle véritable d’éternité qu’il étendait, sans la ciseler, sur les vastes murs. C’est là le charme principal, le caractère divi-nement émouvant, de tous les Primitifs. Taudis que l’expé-rience de I’mpressi., le jeu des modes et des manières faci-litent si grandement la représentation d’art, que les artistes perdent de vue l’essentiel et deviennent, fort savamment, les jongleurs du détail. Le pauvre Guido Reni appartient bien à cette catégorie des artistes d’un crépuscule du ton. N’est-ce pas Nietzsche qui a dit que le métier rend habile la main, mais obtus le talent?