L’ART ET LES ARTISTES pureté, avec le noble souci de la réalisation complète et du rythme harmonieux, un peu des volontés et des rêves de tous les temps. Et l’on a vu dans ces panneaux l’une des plus hautes expressions de l’art décoratif de notre époque, une expression conforme 1 la pensée de ce temps et conte-nant tout le passé sans retourner é lui. M. René Ménard était déjà thés estimé en Belgique ; on connaissait ses beaux portraits, sobres et pénétrants, si graves et si consciencieux, le musée de Bruxelles en possède un. Aujourd’hui on le considéra comme l’un des maîtres indiscutables de l’école française ; et les causes de cet enthousiasme sont dans la vigueur paisible de cet art, dans son souci d’accomplissement intégral, dans le viril optimisme de sa. On a beaucoup apprécié aussi la suite de compositions de M. Bou. de Monvel Jeanne d’Arc, desœuvres de M. Lucien Simon, de M. Prinet. Parmi les Belges, on a remarqué M. Hans, qui montrait des marines délicates et de grande allure, M. Dom, des figures dans des intérieurs, d’une couleur tris personnelle, M. Jacob Smith, M. Vanos, M. Bastien, M. Smaers, M. von Zevenberghen, M. Thevenet es M. Charlet Mettent, avec un admirable portrait. .•• L’exposition de L’Art C011 MPO l’a hl était ouverte en mémo temps que l’était à Bruxelles celle du cercle Pour l’Art. Et de ce cercle qui groupa des artistes presque tous arrivés é la maturité et s’efforçant àaccorder les aspirations nouvelles, les expressions originales, AU métier puissant et Ans éléments permanents de la beauté, de ce cercle font partie la plupart des peintres Gisant de la décoration monumentale. On a pu rapprocher les œuvres de M. Ménard, celles de M. Etnile Fabry, épris lui aussi de réalisations complètes, cherchant lui aussi à accorder la vigueur é la sérénité, à la pureté, la force à la noblesse, à donner au rythme classique de ses figures un élan d’action par quoi s’exprime l’espoir. Si dans la Poésie lyrique, dans la Bote cagne, dans Le Blé el la V ig la vision de M. Fabry est très différente de celle de M. blé-nard, il y a pourtant entre ces deux gmnds artistes, quelque chose de commun leur rêve, fort de tout le passe, resplen-dissant de la beauté antique, est viril ; leur recueillement n’implique pas le découragement et ; et la pureté de l’humanité qu’ils évoquent est voluptueuse, est énergique. Cette humanité aime la vie et la conquête. Dans tout ce que Eon voit à l’exposition du cercle Pour l’Arc, même dans ce qui n’est point supérieur, on retrouve cette impression qui accorde la vueur du réalisme l’idéa-lisme lisme manifesté par la rechercheig du style trop longtemps négligé; elle est dans les œuvres de M. Ciarnberlani, dans celles de M. Colmant, de M. Langaskens, de M. Firmin Bacs, de M. Mertens, de M. René Janssens, de M. de Saedeler, de M. de Ilaspe, de M. Ottevaere, dans les admi-rables bustes du sculpteur Rousseau, dans le torse de M. Dhaveloxe, dans les ligures de M. Braecke, de M. Des-mare. Et il semble que Pen voie mitre un équilibre, enfin, entre des tendances pendant longtemps trop exclusivement servies par leurs adeptes et que l’art supérieur doit unir. Il me semble que cet équilibre nouveau se manifeste Intime au salon de la Libre esthétique qui fut pendant long-temps le rendex-vous des artistes intransigeants; n’apparait-il pas dans certaines toiles de bl. Henri-Edmond Cross — on en a réuni ici une quarantaine, — dans le portrait de Mx», C…, et dans les Nymphes, ces nus au rythme classique? Le mime rythme est dans certaines figures des panneaux décoratifs de M. Van Rysselberghe pour la villa de M. Paul Nocard, é Neuilly, et tEans le Torse de Femme blonde ; et je trouve aux beaux portraitsde Mil» Zintmern et de Mil» E.V. R., par leime artiste, une solidité de forme, un accent paisible qui apparentent leur beauté — pourtant d’aujourd’hui — à la beau. d’hier. L’envoi de M. Lem men est, au point de vue qui me préoccupe, tout é fait significatif. Les ligures de femmes que M. Lernmen fait vivre dans des intérieurs n’ont rien de conventionnel ; dans la vision de l’artiste il n’est rien du déjà vu, dans sa facture, rien d’académique ; la couleur, somptueuse et discrète, d’une suprême distinction dans ses harmonies sommeillantes de vieux cachemire est absolument personnelle, mais les formes précises st fortes, la matière consistante, rattachent cette vision à celle de tous les temps. Et c’est vraiment très beau. A des degrés différents, les tableaux de M. Fornerod, de M. Sue, de M. Anglada, de M. Frisons, de M. Martin., de M. Gustave, Max Stevens, appellent des constatations ana-logues. Aussi la Guirlande et les très beaux bustes de M. Paul Dubois, et tout ce que l’on montre ici de l’muvrc considérable du regretté sculpteur Van der Stappen, artiste chercheur, audacieux, mais nourri de beauté classique. Enfin, il faut saluer en passant deux maitres chez qui l’équilibre souhaitable est depuis longtemps accouplé Eugène Laermans et Alfred Delaunois. A signaler encore certaines expositions du Cercle artistique de Bruxelles celle de M. Paulens, peintre original du pays des usines et des charbonnages, celle du médailliste Bonn, tain, tris remarquable; celle du mariniste Marcette, peintre puissant des ciels pathétiques et celle enfin de M. Jean Gouweloos, dont les portraits, les nus, les animaux, les paysages attestent la maitrise. ESPAGNE LL:EXPOSITION de dessins, pastels et aquarelles qu’Ildottard Nlorerod a ouverte à Madrid offrait un intérêt particu-lier pour lui- metne et pour le public local. Ce jeune et déjà prestigieux spécialiste en sujets espagnols, optés ses récents succès à Paris et à l’Etranger, aspirait é recevoir la consécration de ce qu’on pourrait appeler sa patrie d’élection artistique, non pas sous le rapport de ses qualités techniques de peintre et de dessinateur, niais bien de sa fidélité et sa sincérité dans l’interprétation dus choses et 90 gens d’Espagne. L’épreuve ne laissait pas que d’être risqueétant donnés les préjugés existants ici à l’égard des artistes comme des écrivains étrangers, auxquels on reproche non sans quelque raison, de a fabriquer » une Espagne de fantaisie, de tambour de basque,. Cet état d’esprit, dont je vous avais signalé l’outrance à propos de la 0 question Zuloaga ts, ne rend que plus flatteur et plus précieux pour M. Morerod le jugement unanimement favorable porté par la presse madri-lène sur ses portraits de gitanes d’Altnéria, de jeunes filles