Le Mouvement Artistique à l’Étranger ALLEMAGNE Q.1.71. 25 février, à quatre heures et demie du matin, s’éteignit à Munich Fritz von Uhde, docteur en théo-logie et peintre évangélique, célèbre pour les anachronismes socialistes et le plein air faubourien e campagnard bava-rois, dont il accommodait la Bible. Il est toujours douloureux de voir disparaître un vétéran quia combattu le bon combat de son temps, mais, du moins, celui-ai a-t-il eu la consola-tion de n son cycle et de donner avec surabondance tout ce qu’il l était en mesure de sortir de lui-même. L’heure était passée depuis longtemps des gestes d’éclat : il en était aux variantes et aux redites. Environné de respect et d’hom-mages, il n’a connu aucune de ces amertumes dont, en d’autres pays, la vieillesse des grands hommes est abreuvée par les générations montantes, et ce fait est tout â l’honneur de l’Allemagne. La disparition de cet artiste que, pour notre part, nous avons toujours trouvé singulièrement illogique lorsque au lieu d’amener ses rois-mages en carrosse ou en automobile il la crèche prolétaire, il les affublait des piteux oripeaux du carnaval des petites villes, n’a guère attriste le resplendissant carnaval munichois. Depuis longtemps, je cherche une occasion de parler dans une revue illustrée des carnavals d’Allemagne, qui sont, dans certaines villes l’un des plus beaux spectacles par quoi se rompt l’uniformité de notre vie moderne. Par eux s’expliquent n’élue bien des particu-larités de l’art allemand, à comencer par les décorations de M. Prier à Wiesbaden. Lancer ieille petite cité de Mindel-heim est allée, cette année, jusqu’à déguiser la tour qu conmmande sa rue principale. Une porte de ville changée en clown quelque peu gargantuesque implique une notion de l’humour qui n’est plus commune ailleurs. Les fêtes des quatre-vingt-dix ans du ponce régent de Bavière n’ont elles pas comporté, outre les timbres jubilaires confiés à des artistes comme MM. Frisa Auguste Kaulbach et Julius Dieu, un extravagant projet qui propose de sculpter un des pics de l’Allgau en buste duquasi-souverain encapuchonné. Cet exploit ridicule, renouvelé de Stasicrates proposant .i Alexandre de tailler l’Athos en statue, ne doit pas surprendre dans une contrée alpestre où les montagnards décorent leur maison de fresques ambitieuses et où certains d’entre eux ont com-mandé une statue de naïade S un sculpteur de Munich pour la couler au fond des eaux etonnannuent vertes et transpa-rentes d’un lac de montagne. L’étalon des expositions de printemps a été donné par celle, réa estimable comme toujours, de la Sécession de Munich. Mais sous le fallacieux prétexte d’un chois extréme-nient rigoureux, on a refusé près de (mime cents œuvres au profit de trois cent huit peintures et de trois cent soixante-neuf dessins et eaux-fortes. Très bien. Mais alors pourquoi nous ontrer, au moment oléine on nous sortons de la tués complète exposition Heinrich von « tue, dis dessins de ce maitre qui ne nous apprennent rien de nouveau et dont trois 88 sont des répétitions à peu prés textuelles; ou bien, par exemple, dix-huit tableaux du seul M. Adolf Thomann, dont nous sommes les premi à recon naitre le vrai mérite, mais qui sont de la plus fatigers ante uniformité ; ou encore nze tartines, dont une immense, du déplorablement fécond o et monocorde M. Richard Piemsch, de qui les dépaysements fréquents n’arrivent illusionner personne sur l’incurable monotonie d’un art aussi vulgaire qu’intempérant. Qu’on accorde à ces messieurs, comme cela a déjà été le c. pur M. Piet2sch une ou plusieurs salles de dix en vingt ans, mais du moment qu’on procède à d’aussi inconcevables et inexo-rables hécatombes à l’égard de nouveaux venus ou seulement d’artistes moins appuyés de camaraderies, Parmi lesquels j’en sais qui ont produit des œuvres plus consciencieuses et meilleures qu’un cinquième sans conteste de celles qui sont admises ici, au moins pourrait-on établir une régie analogue à celle des deux tableaux par sociétaire, qui règne à Paris. D’autre part, que, le jour où l’on fait une exposition spéciale de M. Hodler, on montre les dérisoires soixante croquetons dont on ne nous fait grace d’aucune misère et d’aucune impudence, je le comprends jusqu’à un certain point, encore que les œuvres complètes d’un grand écrivain n’admettent pas, je crois, ses plus infimes brouillons, ses télégrammes et ses cartes de visite marquées d’un p. p. c. ; mais que ces papiers griffonnés comme par un tris mauvais écolier ma-niaque qui s’embéte ses cours, usurpent la place d’œuvres méditées, travaillées et parfois inspirées d’artistes dépourvus de tout encouragement, nous trouvons cela, venant de la Sécession et non d’un marchand, d’un exemple déplorable. Que si l’on nous répond justement que ces chiffons ont chance d’étre vendus, mon indignation ne conçoit plus de bornes. Lac amaraderie c’est bien, la justice c’est mieux. Les quatre meilleurs de ces dessins sont reproduits au catalogue en très peur, ce qui les flatte et surtout les grandit. Loisible chacun de juger des autres d’après ceux-ci. Il est cependant des consolations. Ainsi les débuts d’un M. Rodolph Mugi, portraitiste excellent et dont le tableau majestueux, groupant quelques soldats bleus, a non seule-nient des qualités de plasticité rare, de coloris sobre et dis-tingue, de ressemblance que l’on soit absolue, mais surtout témoigne d’un sens parfaitement spontané de la composition équilibrée, de la beauté des proportions et des allures bas-relièves que peut avoir, sans qu’il soit besoin de recourir au subterfuge mécanique d’un parallélisme nigaud et enfantin, le soldat moderne et la vie des manœuvres. M. Slevogt, qui sait étre brutal et véhément, se témoigneune nature d’ar-tiste exquise dans de petites gouaches des rues de Munich et de Londres, dus plages et falaises de Helgoland. Le portrait de l’écrivain viennois Hermann Bahr, par M. Fenil Orfek, est l’une des meilleures estampes de ce maitre raffine en toutes les techniques de Peau-forte. Viol. Brrr..