L’ART Er LES ARTIsTEs charmés. Le peintre est impeccable, raffiné, exquis, c’est à peine si nous y songeons. Nous n’admirons la virtuosité de ces symphonies que par surcroît, tant leur musique est profonde, où chantent mys-térieusement tous les êtres du silence. EXPOSITION ERNEST LAURENT (Galeries Durand-Ruel, 16, rue Laffitte). — Je trouve à M. Ernest Laurent des ressemblances presque fraternelles avec M. Le Sidaner. Un même souci les anime de sug-gérer la vie magnétique et profonde des êtres et (coïncidence intéressante) au moyens d’une tech-nique à peu près pareille et qui est celle, à peu près, du néo-impressionnisme. Si M. Le Sidaner se préoccupe exclusivement du paysage, M. Ernest Laurent se passionne davantage pour la physiono-mie humaine c’est plutôt un peintre de portraits. Mais c’est, avant tout, un psychologue. On peut suivre dans ses nom breux dessins, dans ses esquisses, la préparation lente et consciente d’une pensée qui n’osera s’avouer, sur la toile définitive, que lors-qu’elle se sentira entièrement mûrie et débarrassée de toute indécisions. La connaissance de ces des-sins enlève toute valeur au reproche que l’on pourrait faire à M. Ernest Laurent à savoir qu’il cherche à nous donner l’impression du mystère magnétique des figures par la vaporeuse impréci-sion fleurie des contours et des modelés. Non, si l’artiste, en lui, est délicat et sensible et épris des tons rares, des nuances fines, des pénombres cha-toyantes, toutes ces qualités se superposent, s’amalgament à un dessin net et serré d’analyste. Mais c’est par un jeu naturel, aussi naturel que l’existence des formes douces de la chair sur les organes où s’élabore la vie et la pensée. Il y a rap-port étroit et indestructible. C’est pourquoi l’art de M. Ernest Laurent, à la fois somptueux et effacé, voluptueux et grave, tendre et profond, s’écarte des louanges du vulgaire comme de celles des fausses élites. Ni le public, ni les snobs, n’ont altéré sa pure et délicate réputations. CEuvRES DE BERNARD BOUTET DE MONVEL, GEORGES LEPAPE, JACQUES ET PIERRE BRISSAUD (Galeries Barbaanges, so9, faubourg Saint-Honoré). — Il est rare d’avoir plus d’esprit et de distinction dans l’esprit que M. Pierre Brissaud. Ses illustra-tions, parfois attendries (il interprète admirable-ment les oeuvres de M. Francis Jammes), parfois caricaturales, le révèlent d’une intelligence fine, éprise du passé (surtout du passé Restauration et second Empire) et se moquent agréablement de notre présent. Dans le groupement si sérieux, si grave, si gourmé, dont hl. Bernard Boutet de Monvel est le sévère directeur de conscience; S6 NI. Georges Lepape, le dandy méprisant ; M. Jacques Brissaud, le patient esthète; il représente la fan-taisie et la gouaille. C’est un enfant terrible et un benjamin. Il semble seul avoir le droit de rire de ce qui préoccupe sérieusement les autres, qui ne le pardonneraient qu’à lui. SOINANTE DESSINS ET GRAVURES DE A. LEPhtE (Che.;: Ed. Sagot, 39 bis, rue de Chateaudim). —M. A. Lepère est un technicien si merveilleux que la seule joie de regarder comment ses eaux-fortes et ses bois sont faits est déjà très grande ; mais c’est surtout tellement un artiste que, devant ses oeuvres, il nous impose l’oubli de cette technique pour nous donner, avec une sorte de désintéres-sement personnel très élevé, l’émotion même que nous eût laissée la nature même. C’est qu’il y in dans ses dessins une telle verve, une telle autorité, un tel amour tics choses, que nous en sommes aussitôt conquis, et la vision de l’artiste nous apparaît aussitôt comme la plus vraie, comme la seule vraie. J’emploie à dessein le mot autorité. hl. Lepère, en effet, n’a rien d’un photographe, d’un timide et exact transcripteur du réel. Non pas même qu’il transpose. Mais il simplifie d’une prodigieuse façon, il resserre, il synthétise. La magie du talent assure à cette opération la justesse, et c’est pourquoi nous n’y trouvons rien à repro-cher. Un choix magistral élimine quantité de détails qui eussent arrêté un autre que lui et faussé l’équilibre de la composition, en même temps qu’il en retient d’autres, destinés à donner du caractère. Aussi avons-nous, en regardant I.epère, l’impres-sion de nous trouver devant un de ces rares et admirables hommes qui unissent en eux les facul-tés de l’observateur et du poète. EXPOSITION GEORGE BARBIER (LARRY) (Galeries de l’Art moderne, rue Tronchet). — Les thèmes chers à M. George Barbier devaient plaire à M. Pierre Louys. Ils plairont également à tous ceux pour qui Aubrey Beardsley fut l’initiateur de certaines élégances de la laideur, du mystère per-vers de certaines déformations. Les amateurs de ballets russes lui sauront gré d’avoir fixé dans ses aquarelles certains mouvements émouvants, cer-taines couleurs particulièrement ravissantes, et les attitudes de M ».. Rubinstein, et quelques somp-tueux costumes. Toutes ces influences se retrouvent, mais élaborées, et elles feraient de hi. George Barbier l’illustrateur idéal des ouvrages d’une lit-térature précieuse et charmante. EXPOSITION DE PEINTRES ET DE SCULPTEURS (Galeries Georges Petit, S, rue de — Ce grou-