L’ART ET LES ARTISTES décorent : broderies pour sacs de main, pour écharpes, pour robes du soir, pour robes de velours, pour coussins même, toujours comprises dans le sens de la forme, de l’étoffe, et quels rapports de tons délicats et rares; bleu électrique aux ara-besques fulgurantes, éclatant sur le noir mystérieux d’une robe infiniment souple; ou perles pâles pré-cieusement disposées sur un velours rose comme des gouttes d’eau, le matin, sur une pêche à peine mûre. N’aurais-je découvert qu’un nouveau nom dans ce palmarès que je me garderai bien d’énu-mérer, que nous devrions être satisfaits de cette exposition qui nous donne, à vrai dire, et du point de vue théorique, bien d’autres sujets de conten-tement. Elle nous fait espérer en effet que des artistes ignorés, isolés, pauvres, vont être plus connus, mieux connus, et que des relations profitables peuvent s’établir entre les femmes qui désirent produire, et celles qui désirent simplement acheter — je crois les secondes encore plus nombreuses que les autres. Le salon féminin, s’il se renouvelle chaque Pharos Vif année, et s’il devient, grâce à l’hospitalité du Pavillon de Marsan, une habitude, peut compléter dans une certaine mesure l’action du Salon des artistes décorateurs, qui l’a précédé par lui en effet, nous verrons peut-étire les femmes amenées à ne plus considérer seulement leur parure comme une mode qu’il faut imiter, mais comme une oeuvre d’art qu’il faut conquérir, posséder, mériter en sachant la goûter pleinement; et par contre-coup, à étendre à toutes les choses de leur intérieur la sollicitude qu’elles accordent à elles-mêmes. Enfin, le spectacle des travaux exécutés dans les provinces de France, peut nous montrer à quel point il y a là, dans la différenciation locale, dans les traditions des petites villes, des régions natu-relles, une source féconde d’inspirations. Mais c’est là un sujet qui m’est familier, et sur lequel je ne veux pas insister; il est bien certain que ce que j’ai déjà écrit, ici même, relativement à l’architecture, au meuble, doit s’appliquer à la dentelle, aux bro-deries, et à tous les sortilèges qui peuvent sortir des jolis doigts d’une femme. ‘,LUNURE VAILLAT. COROSN