PI IN I IRE ITALIENNE MANTEGNA — LE PARNASSE pènsionner. L’artiste se rendit à cet appel, en 1459, et travailla beaucoup dans cette région. Malheu-reusement, les guerres des xvi’ et siècles ont presque entièrement détruit les oeuvres dissémi-nées dans diverses villas. On ne trouve plus que les fresques de la Camera degli Sposi, au palais de Mantoue, lui-min-ne délabré et ruiné. Elles pré-sentent, en leur étonnant ensemble, un tableau de la vie luxueuse qui est déjà tout vénitien par son caractère décoratif (r4tio-1474). Elles donnèrent à Mantegna la célébrité et, de toutes parts, on le visita ou l’invita. Il ne quitta pourtant Mantoue que pour aller à Florence, en 1484, où il peignit une Vierge pour Laurent le Magnifique (Uffizi) et, en 1488, à Rome, où Innocent VIII lui demanda la décoration d’une chapelle du Vatican, détruite sous Pie VI. De retour à Mantoue, Mantegna travailla à de vastes cartons de tapisseries (1489-1492) repré-sentant le Triomphe de César. Ces cartons sont aujourd’hui à Hampton-Court. On peut les consi-dérer comme le résultat de toutes les recherches, enfin libérées, du xv’ siècle, relativement à l’histoire antique. A la métne date, à Milan, Léonard peignait la Cène, qui est le résultat de toutes les recherches esthétiques du xv’ siècle 75 Musée du Loure, dans le sens de la beauté plastique et de l’ex-pression. La Vierge de la Victoire, le Parnasse, la Vertu poursuivant les Vices, trois chefs-d’oeuvre que garde le Louvre, la Vierge de la National Gallerv, celle du palais Trivulzi, à Milan, sont de la vieillesse de Mantegna. Elles attestent l’affranchissement d’un esprit à la fois enthousiasmé par le paganisme et le christianisme, et aussi sa durable énergie, sa recherche incessante de la beauté vigoureuse et charmante des formes. Il travailla jusqu’à sa mort, achevant le Triomphe de Scipion et un Saint Sébas-tien, et il mourut si pauvre, malgré son labeur immense, que ses deux fils durent vendre ses der-nières oeuvres pour payer ses dettes. Mantegna fut aussi un admirable graveur, dont les estampes eurent une grande influence jusqu’en Allemagne. Il laissa des élèves, mais surtout un exemple qui s’imposa à toutes les villes de l’Italie du Nord. L’école de Padoue se résume en lui seul. Il fut un artiste de génie, l’un des plus graves, des plus éloquents et des plus forts du xv’ siècle. Son apparition à Padoue et à Mantoue détermina la liaison entre la Toscane et la Vénétie. Partout le style de Mantegna, formé à l’école de Florence, s’unit dans le Nord-Est italien à celui des Bellini,