L’ART ET LES ARTISTES l’IS’I L RICCIIi0 NATIVITÉ DE I JEAN-BAPTISTE (DÉTAIL) ornementale vraiment admirable qui fait de la Libreria un des monuments importants de l’art italien. Pinturicchio clôt les destinées artistiques de l’Ombrie. Après lui, après Pérugin, leurs formules, de plus en plus démodées, suffirent à de dociles imitateurs. On ne peut en retenir qu’un seul, Lo Spagna, condisciple de Raphaël (fresques à Trevi, Assise, Spolète), encore plein de grâce et de noblesse, parfois digne de Pérugin, son maître. Gianicola Manni, Eusebio di San Giogo, Tiberio d’Assise, Sinibaldo Ibi, Gerino de Pistoie prolon-gèrent, avec des qualités, jusqu’au milieu du xve siècle, l’idéal ombrien, cet idéal isolé, attardé, un peu étroit, un peu timide certes, mais si tendre, si recueilli, si chaste et si fin qu’il faut l’aimer quand même, et que c’est lui encore que nous aimerons dans Raphaël. MANTEGNA ET L’ÉCOLE DE PADOUE Il nous faut maintenant remonter dans le nord de l’Italie, pour y suivre depuis son origine un autre courant, affluent puissant de la vie intellec-tuelle et artistique italienne, mais qui pourtant ne se confondra pas au fleuve florentin. C’est vers l’Est que ce courant se détournera pour féconder le sol de la Vénétie et créer plus tard, dans la cité des lagunes, une école très particulière. Ce courant s’est formé à Padoue. Là, durant tout le xi v‘’ siècle, 74 les Carrara, tyrans intelligents, avaient appelé les artistes florentins. Un artiste padouan, Francesco Squarcione (t394-t474) profita largement de ces circonstances. Il avait voyagé, étudié, recueilli nombre d’oeuvres d’art et de fragments antiques. Il ouvrit à Padoue un atelier d’où sortirent plus de cent élèves. On ne connais de lui que deux oeuvres, la Glorification de saint ‘Nine à Padoue, et une Vierge avec l’Enfant Jésus (musée de Berlin). Ce sont des oeuvres médiocres, mais on y trouve une singulière énergie dans le réalisme et un goût très vif pour la richesse des accessoires, des marbres antiques, des guirlandes. On comprend très bien l’influence que l’enseignement de cet érudit et de cet homme d’actions put avoir sur les padouans. Ils l’appelèrent « le père des peintres a. Parmi ses élèves, furent Marco Zoppo, de Bologne; Sclûa-vone, de Dalmatie; Dario et Girolamo, de Tré-vise; Buono, Tura et Galassi, de Ferrare; Ansuino, de Forli en Romagne, peut-être Melozzo, et les Padouans Parentino, Momagnana, Lorenzo et Cristoforo Canozzi, Nicolo Piccolo. Ainsi, Squarcione assuma le rôle important de chef d’école dans toute la région de la haute Italie orien-tale. Mais un de ses élèves lui plut tant qu’il en fit son fils adoptif, et uns des services que Squar-cione rendit à l’art fut de rendre ainsi possible l’éclosion du génie d’Andrea Mantegna. Mantegna, de Padoue (143r-1506), adopté par Squarcione, à l’âge de dix ans, et inscrit en même temps, à cause de sa précocité inouïe, sur le registre de la corporation des peintres, connut en son adolescence Donatello, Uccello, Filippo Lippi et le vénitien Jacopo Bellini, qui séjournaient en sa ville natale, et en reçut des conseils. A vingt-deux ans, il commençait les fresques de l’église des Eremitani (453-1459) et y peignit la Vie de saint Christophe et une partie de celle de Saint largues. Il épousa à ce moment la fille de Jacopo Bellini, Nicolosia, la soeur de Giovanni et Gentile Bellini. Ainsi se forma un lien étroit entre le grand peintre padouan et la naissante école de Venise. Les architectures aux perspectives audacieuses, les figures costumées à l’antique avec une scrupuleuse vérité et modelées avec une puissance sculpturale, tout annonçait un maitre : mais, surtout, le souci d’un coloris plus vivant et plus puissant que celui des Florentins décelait l’artiste né dans une région où les jeux de la lumière ont quelque chose de ma-gique. Les autres oeuvres de jeunesse montrèrent cette âpre énergie, cette fierté du sentiment et du dessin (Retable de Santa Ginstina, t453, au musée Brera, Retable de Saint-Zénon de Vérone, Christ mort vu en raccourci, au Brera). Puis Gonzague, marquis de Mantoue, proposa à Mantegna de le