L’ART ET LES ARTISTES ni Russe, ni Espagnol. Chaque fois que nous avons voulu être Italiens, nous avons commis de grosses erreurs, et, si momentanément nous avons plu au mauvais goût du jour, qui voulait que nous allions à Rome chercher notre inspiration, nous n’avons pas réussi à faire durer ce qui n’était pas vraiment hollandais. Sois Français, c’est-à–dire cherche dans ta province natale, dans ton horizon familier, ce qui t’a ému, sans que tu saches pour-quoi quand tu étais enfant, regarde-le avec des yeux de peintre, traduis-le avec un métier tradi-tionnel patiemment appris, commun à toutes les Ecoles et toutes les générations. Pourquoi sommes-nous aujourd’hui les a Maîtres Hollandais »? parce qu’au lieu de nous promener le long du Tibre, nous avons flâné à travers les polders, sur la plage de Scheveningen, d’un moulin à l’autre, à l’ombre de la grande tour de Dordrecht, sur les canaux ; nous avons fait halte dans les auberges, pincé les formes opulentes des servantes néerlandaises, joué aux cartes avec les buveurs, mangé du hareng avec les passeurs et les bateliers, dansé aux kermesses, regardé la dentellière penchée sur son ouvrage, consulté la diseuse de bonne aventure, nous nous sommes mêlés à notre pays, à nos contem-porains, bref nous avons fait n le portrait de la Hollande n. Fais, comme nous, le portrait de la France, son image extérieure, fidèle, exacte, complète, ressemblante, nullement embellie, l’image des hommes et des lieux, des moeurs bourgeoises, des places, des campagnes, des rues, de la mer et du ciel, et tu sauras trouver des accents nouveaux et ta voix se distinguera aisé-ment, plus profonde et plus juste, dans ce concert banal d’oeuvres parfois distinguées, mais sans per-sonnalité, sans originalité, parce que dues à des déracinés, errant le coeur vide d’émotion, loin du bon foyer inspirateur. A». au Mu, REMBRANDT — SCENE SUR UNE PLAGE (CROQUIS s L’ENCRE 1,1, 64