L’AR’I’ DÉCORATIF STOItEZ — MAISON A VER,1111.-S1111-AVRE grâce à ses yeux, et la maison de porcelaine é aux ornements d’azur et d’or » fut brusquement condamnée. Il est surprenant, quand on a vu des relevés, des restitutions aussi intelligentes, que les architectes d’aujourd’hui — je ne parle pas ici de M. Robert Danis — comprennent si mal les leçons du passé et ne sachent pas les appliquer au présent. La localité, autrefois en architecture — et j’entends par ce mot la différenciation des édifices suivant le climat, les coutumes, les provinces, — était une loi constamment observée. Sauf en ce qui concerne les palais qui ont une destination représentative plus qu’utilitaire, et encore ! les édifices du passé sont toujours rigoureusement adaptés aux néces-sités climatériques et harmonisés avec le paysage qui les entoure la prédominance de tel vent, la moyenne des pluies, la chute des neiges, une ligne de collines à l’horizon, un terrain en pente, voilà qui détermine un mur plein, la pente d’un toit, une silhouette. Il est impossible de confondre des maisons de Bretagne, du Dauphiné, de Normandie, de l’Artois, de la Bourgogne, du Languedoc ou de la Provence; la vie de ces provinces se reflète exactement dans leurs anciennes habitations. Les nécessites auxquelles obéissaient les constructeurs n’ont pas, que je sache, sensiblement changé; il tombe, à peu de chose près, autant de neige en Savoie, au xx’ siècle qu’au moyen âge, et il fait aussi chaud à Arles qu’au temps de saint Trophine; il ne faut donc pas qu’on invoque des raisons d’hygiène é pour changer tout cela »; la grande hygiène, en l’affaire, est de se protéger contre le vent, la pluie, la neige ou le soleil ; et nous devons regarder, avant de construire une maison, les vieux types du pays, écouter l’enseigne-ment tacite qu’ils donnent encore à qui sait les regarder. C’est ce qu’a fait, dans son admirable tentative des ateliers de Smolensk, la princesse Tenicheff, dont on voit d’ailleurs, à la Société Nationale, une porte en noyer et en érable qui sert de cadre pitto-resque à un très remarquable ensemble d’émaux champlevés. C’est le résultat éclatant des recher-ches incessantes et si curieuses que nous devons depuis quelques années à cette artiste qui, tout en restant fidèle aux traditions de l’art de son pays, apporte à l’art décoratif moderne une note à la fois originale et savante. C’est ce qu’a fait M. Storez, dont j’ai déjà, ici-méme, présenté une oeuvre à mes lecteurs. Il envoie à la Société Natio-nale des Beaux-Arts la vue perspective d’une 131