L’ART ET LES ARTISTES plus profond, plus convexe, eût dit Fromentin. C’est un résumé éloquent, une synthèse décisive. La dent ière toile exécutée par Borchardt (été r 91o) marque le point culminant d’une évolution ascen-sionnelle un chasseur assis, aux aguets, le doigt sur la détente, dans une forêt où déjà les roux de septembre diversifient les verdures. C’est la forêt de Siegfried, ses palpitations, ses murmures, les voix de son silence, son mystère éternel. Bor-chardt, dans cette toile ardemment discutée (car le peintre ne s’est pas satifait de l’effet facile, cher aux spécialistes, de l’effet sûr et commercial qui ras-sure les critiques, les confrères, les marchands et les amateurs) s’est encore renouvelé et a fourni son effort de synthétiste. J’aurais voulu — niais la place m’est mesurée — démontrer aussi que ce pleinairiste sait aussi étudier, quand il veut, des atmosphères plus intimes; que certains de ses portraits conçus et réa-lisés en des intérieurs (notamment l’image ne r-yeuse et aigué de l’aquafortiste Bernard Naudin, au masque glabre et voltairien, aux yeux inquisi-teurs derrière les besicles, au mains longues, fines et d’une féminité artistique) sont aussi des mor-ceaux de rare mérite. Et j’aurais à citer encore cer-taine Eh/Ne à l’atmosphère lourde et rousse, où la fille de ferme et le bouvier traient les vaches dans la pénombre colorée d’une fin d’après-midi. Mais je pense en avoir assez dit pour qu’appa-raisse la personnalité exceptionnelle d’un des artistes discutés de l’art contemporain, encore mal compris, à qui la survie est désormais assurée. DAME EN BLANC Louis VALIXCELL es.