les plus strictes et même sèches académies. Cette tendance à la simplifica-tion est visible dans la phase actuelle du colo-riste, phase qui éclot dès t908. Borchardt ne veut plus dire que l’essentiel, fait fi des jolies-ses papillotantes, sacrifie l’inutile, taille résolu ment de grands volu-mes colorés, non des à-plats, mais des taches spa-cieuses, expres-sives et vibran-tes. Les exemples typiques de cette manière nou-velle sont le Poitrail de miss M. (Salon de la e Société Nationale e 1909) et surtout An Prin-temps. An Printemps est une splendide harmonie en blanc, vert-jaune et bleu. On y admire une fraiche adolescente debout, son saint-bernard à ses pieds; le sol est la verdoyante prairie des envi-rons de Munich, diaprée de reines-marguerites, de fleurettes blanches et roses. L’air passe derrière la jeune fille, la caresse de son souille. On ne sait, en contemplant cette toile magnifique, véritable hymne à la jeunesse, à la nature et à la vie, où commence la fiction et où finit la réa-lité. C’est une fenêtre ouverte sur la campagne d’avril, avec ses premiers plans heureusement éta-gés, ses fonds de collines mauves; nous sommes là devant une des œuvres dominantes de l’artiste. Ph’ D »‘ Nul d’ailleurs, aussi noMTRAi FÉLIX BORCHARDT rais. IMNIANCHE véridiquement que Félix Bor-chardt , n’aura su restituer l’ac-cidenté paysage bavarois, les tu-mulus des pays de montagnes, les gazons d’un vert cruel, ca-naille, la route qui serpente à blanc de coteau, les toits d’un sauge criard des languies fermes. C’est bien la montagne, tan-tôt voilée des lissages qui l’humectent de vapeurs et de brumes, tantôt radieuse sous le firmament indi-go; c’est bien la gaîté ou la mé-lancolie sauvage des sous-bois, des hêtraies touffues, où filtrent les rayons mauves et bleuâtres, la graci-lité des bouleaux, la rugosité squamineuse des fûts des platanes, des châtaigniers, les frondaisons rou-geoyantes de l’automne. Borchardt s’enivre de ces spectacles exaltants. Il les exprime avec autorité, avec enthousiasme, sans jamais, réaliste sévère, s’abandonner aux fantai-sies d’un ladisins• désor-donné. DU PEINTRE BERNARD NAUDIN 117 Nous arrivons à la récente étape. La marche en avant vers plus de simplicité se précise da-vantage. Dans les Deux Paysannes assises sur un Ba’, du <, Salon d'au-tomne » 1.9 o, Péris 13orchardt a supprimé tout bavardage, tout dé-veloppement accessoire, tout ce qui pourrait ac-crocher la curiosité. La lumière est tamisée, l'ef-fet concentré, le tableau