LA PEINTURE ITALIENNE I .r■se : Arearperre dr, Beaux-Arts. TITIEN — LA PRÉSENTATION DE LA VIERGE AU TEMPLE disparaître qu’au seuil du xvny’ siècle, en 1594. Le Tintoret est un de ces grands génies tragiques qui déconcertent et effraient la critique par la farouche beauté de leurs âmes de visionnaires. Qu’il soit un peintre d’une puissance inouïe, c’est ce que per-sonne ne conteste : cependant on fait sur lui des réserves sévères, ou on passesims le bien comprendre. Déjà, de son temps, il rebutait et inquiétait. Vasari l’appelle « la plus terrible cervelle qu’on ait jamais vue en peinture n, et on disait de lui, à cause de ses inégalités de technique, qu’il avait trois pinceaux, d’or, d’argent et de fer. On se demande parfois devant son oeuvre s’il n’a pas été, plutôt qu’un artiste, une force de la nature et la synthèse vivante de tous les maîtres : il s’apparente à Signo-relli et à Michel-Ange par son pathétique sombre et son élan décoratif; il a la fé-condité de Rubens, mais avec plus de style et plus d’élévation. C’est un réaliste d’une violence extrême, puis, tout à coup, un inspiré plein de suavité. Tantôt, on s’étonne de fautes marquant un bizarre insouci de la forme, qui devait beaucoup choquer les fastueux plasticiens de sa génération, et tantôt il crée un tableau comme le Miracle de saint Marc (Académie de Venise), qui semble le modèle indé-passable de toutes les plus profondes difficultés de la peinture, résolues avec une splendide perfections. Il y a en lui le rayonnement de la vie intérieure au degré de Rembrandt et tel que nul Véni-tien ne l’a jamais exprimé. L’étrange génie, et comme on comprend bien que cette cervelle ter-rible u, laisse encore interdits les jugements actuels! Le Tintoret n’a pas la gloire qu’il mérite, on ne veut pas voir que ces défauts sont, comme ceux de Michel-Ange auquel on les a pardonnés et qu’il évoque invinci-blement, les sursauts titanesques d’une âme en qui se déversa le furieux torrent de la création. Pour nous, qui le plaçons dans le Pbol. Alirari. TITIEN Net, Muser National. — PORTRAIT DU PAPE PAUL III 107