rables sur la vie vé-nitienne au xv’ siè-cle. Mais ce réalisme est constamment ennobli par le sens ornemental, par la liberté de l’inter-prétation. Nulle idée préconçue, nulle tradition ne gêne l’invention de cet artiste spontané: c’est de l’extériori-sation, certes, mais elle annonce déjà l’extériorisation ra-dieuse d’un Véro-nèse. Lorsqu’on songe, par un simple rapproche-ment, qu’à ce mo-ment male Signo-relli travaillait aux fresques (le la cathé-drale d’Orvieto, on comprend d’un seul coup la sponta-néité, l’indépen-dance morale, l’iso-lement de cette école de Venise, si nettement étrangère à la mentalité de l’Italie continentale. Cet art extérieur, descriptif, où il est inutile de chercher la moindre trace de mys-ticité, n’empêcha point d’ailleurs Gentile de réaliser des portraits comme celui de Mahomet II, ou celui de Catherine Cornaro, reine de Chypre (musée de Pesth), ou, avec son frère, ces deux Portraits d’Hommes en uns même cadre, qui sont une des gloires du Louvre. Giovanni Bellini eut, beaucoup plus que son frère, le goût de l’expressions psychologique et mystique. Nul voyage ne l’orienta vers le pitto-resque et l’observation descriptive. Sa longue vie s’écoula tout entière à Venise. Ses premières œuvres (Transfiguration, au musée Corner; Jésus no Mont des Oliviers, National Gallery ; Pieta, au musée Brera), gardent uns peu (le l’austérité, de la sécheresse, de la gravité hautaine de Mantegna, ainsi que la Pieta du Vatican et celle du nausée de Berlin, et on a pu les attribuer au maître padouan; mais déjà pourtant s’y révèle une tendresse calme, une douceur des modelés et des contours, uns amour de la nuance, qui sont bien les signes du génie de Giovanni. Nous n’avons plus ses peintures L’ART ET LES ARTISTES Paul. Alirrn, i. Verdie: Académie dm Arls. ‘iTiORE CARPACCIO MARTYRE ET FUNÉRAILLES DE SAINTE URSULE décoratives, osais ses nombreuses vierges nous res-tent, à San Zaccaria, aux Frari, à l’Aca-démie de Venise, outre le Brera, Pe-saro et les princi-paux musées d’Eu-rope. Là, Bellini a créé, avec une beauté émouvante, une figure unique de la Vierge, qui ne ressemble à rien de ce que les Floren-tins et les Ombriens ont fait: ils voyaient en elle, avant tout, la virginité intan-gible et mysté-rieuse, lui u vu sur-tout la mère, et il l’a humanisée. C’est une mère rêveuse, inquiète, calme mais pleine de pres-sentiments et, dans ses yeux profonds, se reflète déjà la connaissance de la douleur future, autant que la gloire d’avoir créé un Dieu et la tendresse infinie de l’amour maternel. La suavité et la beauté de Giovanni Bellini demeurèrent aussi pures jusque dans son extrême vieillesse. Chef d’école, maître affectueux et respecté de toute une générations qui se couvrit de gloire sans l’éclipser, à quatre-vingt-six ans, il créait encore les saints Jérôme, Christophe et Augustin (église de Saint-Jean-Chrysostome), qui rivalisent d’éclat et de force avec les œuvres de son disciple Titien, et Durer écrivait de lui « C’est le plus vieux, mais c’est encore le meilleur n, lors de son voyage à Venise, en 1506. A Gentile se rattache Vittore Carpaccio, qui peut-être alla avec lui, à Constantinople, en 1479. On ignore ses dates de naissance et de décès, et on suppose qu’il naquit en Istrie et travailla d’abord à Padoue et à Murano. Il travailla de 1490 à 15 15. Ce fut un extériorisateur fastueux et admirable, un peintre, et rien qu’un peintre ne lui demandons pas plus qu’à Gentile Bellini ou à Pinturicchio, l’émotion religieuse, l’art contemplatif, l’évocation (le l’âme. Ses œuvres religieuses (Saint Thomas d’Aquin, à Stuttgart, Mort de la Vierge, à Ferrare, 100