Gentile da Fabriano, ils revinrent avec lui à Venise et à Padoue, où il résida jusqu’à sa mort. Là, ils con-nurent Mantegna, qui avait épousé leur soeur Nicolosia, et subirent l’ascendant de son génie. En 146o, le vieux Jacopo étant mort, les deux frères revinrent à Venise, où ils travaillèrent parallèlement. Sans cesser de vivre en parfaite harmo-nie, ces deux grands artistes développèrent deux ten-dances très différentes, qui devaient fixer la double direction de l’art vénitien Gentile eut, avant tout, le goût des scènes lumineuses, animées, mêlant les foules à l’architecture ; Giovanni chercha, avant tout, le raffi-nement extrème de la Beauté poétisée. Jusqu’au :mi’ siècle, ce devaient être les volontés de l’école de Venise, et jamais, devant ses plus puissants maîtres, les Bellini n’échapperont à notre souvenir. La connais-sance de la peinture à l’huile et de sa pratique flamande, grâce à Antonello de Messine, déter-mina chez eux, vers hm, un regain d’activité, et leur donna le moyen d’im-poser définitivement leur influence, d’éclipser décidé-ment les peintres de Murano, les Vivarini et Crivelli restés fidèles à un hiératisme mys-tique. Au reste, il n’y eut point de lutte véritable, puis-que Luigi Vivarini collabora avec eux. C’est presque subi-tement que le primitivisme est né et a disparu sous le ciel chatoyant du Frioul. L’influence de Mantegna est visible dans les premières oeuvres de Gentile Bellini, mais, déjà, il témoigne de plus de douceur, comme Barto-lomeo Vivarini (Volets des Orgues n Saint-Marc, Portrait de Lorentco Ginstiniani, à LA PEINTURE ITALII E rira (.10VAN I BELLINI DOMIN.’I ItICE DU NIONDE (ALL1,01210 l’Académie; Portrait de Doge, au musée Correr; Madone, au musée de Ber-lin). En 1474, la République le chargea de restaurer et compléter les peintures de la salle du grand Conseil (détruites en 1577) : en 1479, Mahomet II ayant demandé à Venise de lui envoyer son meilleur pein-tre, la République, en paix avec l’Islam qui, vingt-six ans auparavant, avait ruiné son alliée séculaire,Byzance, choisit Gentile Bellini. De ce voyage, Gentile ne rap-porta pas seulement cc por-trait admirable du sultan raffiné et féroce, que garde la collection Laya rd et qui est un des grands chefs-d’oeuvre du portrait psycho-logique, il rapporta surtotii le goût des sites exotiques, des contentes inusités, des groupements mouvementés et de la peinture en pleine lumière. Avec Gentile Bel-lini se pose nettement un principe que l’art florentin n’a point connu : il composait selon l’architecture et la sculpture, le Vénitien compose selon la perspective et les lois de distribution de la clarté. Au retour de son voyage à Constantinople, Gentile était décidément voué à la repré-sentation décorative des scènes vivantes, à une extériorisation heureuse. C’est là ce qui a déterminé ses grandes oeuvres, Procession sur la place Saint-Marc (t 496), Miracle de la sainte Croix (1500, Académie de Venise), Prédication de saint Marc à Alexandrie (t 507, au musée Brera). Ce sont des évocations d’un réalisme mi-nutieux, qui se préoccupe autant des détails vrais de l’architecture et des costumes que de la vérité des ombres et des lumières, en sorte que les deux premières oeuvres sont des documents incompa-Phot. Alinari. e, Musée do; Capilole. GIOVANNI BELL IN1 (P. Lel-MÉMO 99