LES PRIMITIFS DE VENIS, Tout a prédisposé Ve-nise à produire un au spécial sa situation géo-graphique, la nature du son sol déchiqueté comme celui de la Hol-lande, la qualité particu-lière de sa lumière, ut enfin l’origine illyrienne des Vénètes résistant toujours aux Lombards, se réfugiant dans les îles, et ainsi appelés à s’isoler de l’Italie continentale, à adopter des coutumes et une politique conser-vatrices, à s’enclore dans un égoïsme orgueilleux, se donnant aux Romains, puis, plus tard, s’alliant à Byzance pour repousser obstinément les hommes de l’Italie du nord-ouest. La formation tardive ut le caractère unique du l’art vénitien ont là leur origine. Venise, telle que nous l’envisageons, ne date réellement que de 811, époque où la confédération des îles choisit Rivoalto, Vile la plus forte, pour y installer le siège de son gouvernement. En 828, le corps de saint Marc était rapporté par une flotte vénitienne, et Venise avait désormais son patron et aussi son emblème, le lion. Puis, durant l’époque des Croi sades, commencèrent les conquêtes d’abord la rivalité avec Gênes, puis la création de colonies, celle d’une zone de postes avancés sur la terre ferme de l’Italie, pour prévenir l’invasion toujours mena-çante des principautés jalouses et, plus tard enfin, aux xtv’ et xvn siècles, l’affermissement et l’éten-due des conquêtes terriennes de la République, parallèlement à un développement commercial inouï que, seules, purent interrompre la prospé-rité de Bruges, la découverte de la route des Indes et la chute de Constantinople. Une vie sociale et politique si âprement défen-sive, puis, par la force des choses, offensive, suffit à expliquer que l’art soit apparu tardivement à Venise. Une autre cause, pourtant, doit être envi-sagée cette race de navigateurs, de trafiquants, de corsaires belliqueux et rusés, d’insulaires orgueil-LA PEINTER I [‘FAIM I Phot. Alinari. BA RTOLOM EO Troisième article de  » renis. Eglne d, Sand-Jean 1■INI LA VIERGE, LES SAINTS ET LEGENDES (11,11,17QUE) leux et isolés, n’a pas éprouvé la crise mystique de l’Italie continentale. Elle est restée païenne, puis son commerce avec les Byzantins, rompus aux arguties théologiques, et avec l’Islam, l’a tôt rendue sceptique. Tant que la peinture n’a été qu’une célébration du dogme sous le contrôle rigoureux de l’Eglise, chez les Toscans, les Ombriens et les Lombards, les Vénètes n’ont rien produit : ce n’est qu’au xvi’ siècle, qu’avec la résurrection du paganisme, la sensualité superbe de cette race épanouie dans son triomphe d’oligarchie ploutocrate s’est traduite par une peinture dont le caractère essentiel a été, tout au contraire des oeuvres florentines, la puissance du coloris, un réalisme lumineux, imbu des clartés magiques du ciel du Frioul. C’est peu à peu que le mouvement l’a gagnée, l’approchant de ville en ville, par l’influence de l’école padouane formée par Squarcione, par celle surtout de Mantegna et peut-être, avant tout, par l’influence des graveurs allemands, l’apport de la technique des Van Eyck Venise n’était point la cité des fresques, véritable La Peiniure Italienne »