LE MOUVEMENT’ ARTISTIQUE A L’ÉlIRANGE12 Dupont lit un portrait du grand dessinateur, gravure qui évoque, par son faire » quelque ancienne œuvre de style. L’artiste est pris de face, assis, le crayon à la main, sur une chaise basse; les moindres rides de son visage et les plis de ses vetements sont passionnément fouillés; derrière la ligure, comme fond, une bibliotheque, et, s une table, un vase contenant un lis; tout cela traité avec une extréme délica-tesse et unir subtile légèreté, comme en un jeu du burin. Car Dupont approchait d’une aisance de dessin, d’une tnai-trise suprém•, qui s’épandait dans ses dernières œuvres. La perte d’un tel artiste, au midi de la vie, est un coup cruel, et si sa gloire restera, il n’en est pas moins infiniment regrettable qu’il ait été fauché en pleine floraison, avant d’avoir été à méme de donner tous ses fruits… ITALIE Sr une leçons e dégage de l’Exposition des Beaux-Arts é Rome, elle intéresse les milieux artistiques jeunes de la péninsule plus que les artistes internationaux conviés .1 In grande manifestation romaine. Ces derniers sont les menses qui dominent toutes les expositions internationales que la vieille Europe ouvre pério-diquement au marché des œuvres d’art, qui accentue ainsi périodiquement l’américanisation mercantile de l’Art, desservant, plus qu’il nu le sert, l’Art lui-méme. Quelques manifestations collectives, de pays dont l’art était mal connu jusqu’ici, et dont j’aurai à m’entretenir prochainement, ont étonné le public. Mais les tuaitres connus se montrent A Rome tels qu’ils se sont affirmés partout. Et vraiment le reproche le plus sur que I on puisse faire à la manifestation d’art concentrée dans la capitale italienne, est celui de ne nous avoir réservé aucue urprise. Pour ceux qui s’obstinent à ne point considérer une expo-sition d’art connue un marché dont les valeurs changent au gré de meneurs fort étrangers à la création elle-mente de [‘œuvre; pour ceux quigardent, en face de telles manifesta-tions, le désintéressement le plus absolu, tout en cherchant avec passion les signes spirituels et évolutifs d’un temps et d’une esthétique, une exposition qui ne réserve point de surprises est une exposition manquée. Ce n’est plus que la reprise d’un spectacle déjà connu, dont le profit ne peut étre quematériel pour les ayant doit, et ce n’est pas la révélation d’un spectacle nouveau, d’une œuvre nouvelle, ois l’aine d’un etre s’épanouit devant nos yeux avec des marques insoupçonnées de l’âme d’un tmnps. M. Ardengo Sollici, tin écrivai et un critique profondément nouveaux, qui avait su rivoir dans un artiste un point entre deux infinis, le passé et l’avenir, a su voir aussi, récemment, que la con-science de chaque etre n’est qu’un élément du chœur uni-versel. Nous ne demandons donc pas A l’artiste de se montrer comme le protagoniste d’une tragédie que chaque époque, ès chaque jour, renouvellent, la tragédie de l’esprit qui résume l’infini de la vie dans l’infini de Bœuvre d’art, mais ZILCKE.N. nous lui demandons qu’il nous surprenne, avec 5021 œuvre, en nus révélant des harmonies insoupçonnées, ou â peine sentieos, de l’âme de son temps, stylisées en son âme propre et dans son œuvre. A ce point de vue, qui peut paraitre mais qui n’est pas général et trop vague, l’Exposition de Rome a été assez vaine. Pourtant une leçon se dégage, qui intéresse l’art italien le plus jeune. Les plus hardis parmi les s jeunes », se sont libérés peu près totalement de la tyrannie du passé. Sans appartenir au groupe s futuriste », dont l’enthousiasme est tfaillsurs plus sincère et plus spontané qu’on ne veut le croire, l’admiration, assez paralysante lorsqu’elle est exces-sive, des anciens, ne trouble plus l’inspiration nouvelle. Les principes d’une esthétique neuve, qui déterminent toutes les recherchm de l’art français,et en alimentent la fièvre Créa-trice, sont répandus en Italie comme partout. Ce n’est plus un petit groupe florentin, comme celui des iicchialoli » d’antan, qui cherche les expressions de synthasema et de gram-maire picturales nouvelles; c’est dans toute la péninsule un effort ut un essor vers le nouveau, qui méritent d’ésre signalés. La haine du dessin calligraphique et des couleurs plaquées, comme de toute littérature et de tout romantisme en peinture, pour un plus libre et plus profond épanouissement des arts purement plastiques, sesont montrés .s Rome assez digne-ment représentés par de bons artistes. Parmi eux, je me contenterai aujourd’hui de citer M. Arturo Noci, M. Maté rizio darricelli, voire meme M. Nlorbelli ou NI. Discovolo, etc., sur l’ouvre desquels on aura sans doute àrevenir. Malgrétoutes les réserves, nombreuses, qu’il faut faire sur leurs œuvres et sur leur maniere d’ oeuvrer d convient dere retenir la volonté neuve qui les groupe devant notre esprit la volonté de retrouver sur la palette la joie perdue de la couleur pour la couleur, de la peinture pour la peinture, qui, depuis quelque vingt ans, rémuile l’admi-rable évolution de l’art moderne. ORIENT :Exuosn’iox Faexro ZONA.. — J’ai parlé, ici méme, L au lendemain de la déposition d’Abdul-Hamid, des tracas et des miseres qu’eut à subir le grand ae qui fut, durant de nombreuses années, le peintre en titre du Sultan détrôné et de la Cour impériale ottomane. Quelques mois après, j’ai, également dans une chronique, donné le compte-rendu de laséance de la Chambre italienne consacrée au cas Faust° Zonaro où l’honorable député Cal boni interpella le ministre des Affaires étrangéres au sujet de la 121.10,0 CAN22 00. situation laite par la Jura., Turquie au peintre qui fut un des pionniers de l’Ecolu turque et l’un des promoteurs du la renaissante de l’art pictural ottoman. En attendant que, parvoie diplomatique, une solution intervint faveur du peintre qui, de 18); a loto, consacra exclusivement sa palette à reproduire en strophes de cou-leurs les merveilleux rayonnements de la nature orientale, Faust° Zonaro avait décidé de quitter Constantinople, quel-que grandes que fussent les attaches qui le retenaient en 187