LE MOUVEMENT ARTISTIQUE A L’ETRANGER défilé. Aujourd’hui elle se trouve bien de ces successives amputations, modernisée tout de nœme et cornera â son corps défendant par l’exemple de ceux qui n’en font plus partie, et par cet exemple mieux que s’ils y étaient restés. Le courage de ces derniers à se passer des faveurs officielles et des avantages inhérents à une longue accoutumance du public, leur a valu l’autorité qu’on leur contestait. Ainsi, bon gré mal gré, les retardataires suivent tout de même générale de leur époque. A Mlada Boleslav, petite ville de Bohême, la société tcheque des Amis des Aria organise chaque amok l’exposi-tion d’ensemble d’un seul artiste, en méme temps que des conférences sur l’état actuel du mouvement. Imaginez l’œuvre entier de M. Besoard ou de M. Cottes exposé Dreux ou à Nemours! Or c’est partout en Bohême et en Moravie que de telles initiatives sont prises par des villes dont à peu près personne en France, et méme ailleurs, ne sait le nom. L’élu de Mlada Boleslav été cette année M. Visser Stretti, assez de fois signale ici pour que les lec-teurs, qui veulent bien suivre ces chroniques, puissent avoir déjà quelque notion de son œuvre très varie, tant en ses directions qu’en ses procédés et techniques. Viktor Stretti personnifie parmi les artistes de Prague une qualité de recherche, compliquée d’une sorte de dilettantisme élégant. On peut être plus tchèque, on ne saurait etre plus désinvolte et à son aise en présence des difficultés du métier. Il ne manque à M. Viktor Stretti, pour étre un tout à fait grand artiste, que d’âtre un peu moins bien doué ou que d’avoir éprouvé un peu plus la dureté de la vie. WILLIAM RITTER. ESPAGNE L:ARCHITECTURE, qui est actuellement en Espagne tie tous L les arts le moins florissant à coup mir et qui jouait un peu le rôle de Cendrillon dans les expositions madrilènes, vient d’avoir enfin son Salon à elle, green à l’initiative de l’historiographe de l’architecture espagnole, M. Lamperez. Cette exposition ouverte au Palais du Retiro et solennelle-ment inaugurée par la famille royale, brille plus, â vrai dire, par la quantité que par la qualité des œuvres, mais elle n’en est que plus instructive, puisqu’elle décale le mal dont souffre l’art de la construction en Espagne et en indique la fois le remède. Ce ami n’est autre que le manque de sen-timent national et le funeste esprit d’imitation qui porte la plupart des architectes espagnols à copier servilement les modales etrangers,sans comprendre que le style traditionnel de chaque pays répond à ses conditions naturelles de climat et d’existence et doit, par conséquent, se perpétuer tout en s’adaptant aux exigences modernes. Loin de là, on les voir transplanter arbitrairement sous le ciel ibérique des chalets suisses ou normands, des maisons de rapport parisiennes ou viennoises, voire des bâtisses américaines et d’ordinaire en défigurant l’original soit par une ornementation de mauvais goût, soit par k sacrifice de tout détail artistique au plus plat utilitarisme. A cet égard certains projets d’édifications municipales de Madrid font peine à voir. On ne trouve quelque personnalité que dans l’école catalane, mais cette personnalité semble plutôt fâcheuse, car elle consiste soit en des adaptations discutables du style gothique, dont M. Puig y Cadafalch à peu prés seul offre des spécimens plausibles, soit en ces imaginations bizarres dont débordent les œuvres de Gaudi, son parc Gûell, et son église de la Sainte-Famille de Barcelone, peuplés d’une excentrique l’aune et flore sculpturales. Ce « modern-style » barcelonais que M. Clemenceau a trop justement qualifié « d’outrage à l’Espagne et au monde civilisé » menaçait d’envahir et d’enlaidir les plus belles cités de la péninsule. Heureusement, la réaction se dessine dans le sens d’un retour aux traditions nationales, qui, pourvu qu’on ne s’en tienne pas aux strictes reproductions, pourra créer une véritable architecture espagnole contempo-raine. La « Société des Amis de l’Art ‘r de Madrid, comme je vous l’ai annoncé en son temps, avait ouvert un concours d’édifices publics et privés de style espagnol; de nombreux projets, plusieurs excellents, ont été présentés et forment aue espostœœ .1 part, qui contraste agréablement avec les autres salles t à remarquer ceux de Palais de la Présidence du Conseil, de Parlement, d’Hôtel-de-Ville, de théâtre, inspirés du gothique castillan ou de la Renaissance salaman-quine, at dont il faut souhaiter qu’ils soient préférés aux projets municipaux, mentionnés plus haut; ceux de réforme des anciens palais de Cisneros et d’Ouate, à Madrid, et enfin la série de maisons de campagne conçue d’après les anciennes « casas solariégas » de la Mentafia (province de Santander) dont une intéressante collection de photogra-phies est présente, On doit signaler pourtant une lacune l’architecture andalouse, composée de réminiscences arabes et de la Renaissance, ne figure presque pas ici, bien qu’elle paraisse aujourd’hui reprendre un bel essor, à Séville notamment, sous les auspices de la Société locale de Défense de l’Art, récemment fondée, et grâce à l’initiative de quelques puni-culiers et architectes éclairés, comme MM. Simon Barris et Anibal Gonzalez. On peut en cirer comme exemplaires les magnifiques maisons édifiées par deux mec.. sévillans : MM. peler et Miguel Sanchez Dalp. Il est regrettable aussi que les Arts décoratifs, accessoires de l’architecture, ne seines guère représentés que par quelques vitraux assez médiocres et quelques « azuléjos » de la fabrique de Talavera, car ce dernier art, foncièrement espa-gnol, a été heureusement ,SSUFCitë aussi à Séville, à Valence et à Ségovie (par M. Daniel Zuloaga, oncle du peintre fameux). Mais on eu annonce tete prochaine exposition spéciale à côté du Salon d’architecture actuel. Les paysagistes MM. Augustin Lhardy et Félix Borrell exposent ensemble one série d’œuvres de mérite t vues des environs de Madrid, de Toledo, de l’Escurial, de Sala-manque, de Galice. Mais le premier, malgré là solide facture et la sincérité d’impression de ses paysages, est peut-être supérieur dans ses eaux-fortes en couleurs, vraiment magis-trales. Quant au second, sa peinture Pet parfois un pet; pâteuse et sa lumière manque de vibration. L’attribution des récompenses de l’Exposition internatio-nale de Barcelone, dent je vous ai entretenus dans une chro-nique précédente, provoque une levée de boucliers dans les milieux artistiques de cette ville. Les artistes catalans, dont les envois avaient pourtant généralement été jugés par le public comme inférieurs à leur réputation es à ceux des 185